CATHOLICISME L'organisation et la vie de l'Église
Pour comprendre les institutions actuelles de l'Église catholique, il faut partir du fait historique qui explique son origine : la conviction d'un petit groupe d'hommes et de femmes, dans les années 30 à 40 du premier siècle, que Jésus de Nazareth, récemment crucifié sur ordre de Ponce Pilate, procurateur de Judée, était ressuscité, qu'il était le fils de Dieu, Dieu lui-même, l'Homme-Dieu, seigneur de l'humanité et de l'univers, et qu'il avait voulu rassembler tout ceux qui croiraient en lui, parmi tous les peuples du monde, en une unique grande communauté d'essence exclusivement religieuse. Il faut ensuite faire appel à l'histoire des idées, des institutions, des civilisations et des religions, car les structures de l'Église restent profondément marquées par les éléments de toutes sortes qu'elle a intégrés pendant sa longue histoire. Il faut recourir tout autant à la théologie, à la psychologie et à la sociologie qu'au droit ecclésial lui-même, appelé traditionnellement droit canonique, et aux systèmes juridiques qui l'ont influencé (droit romain, droits barbares, droits étatiques modernes et droit international). À ces conditions seulement, on verra ce qui est en jeu dans les institutions de l'Église catholique romaine.
Les institutions ecclésiales
Un problème
L'idée fondamentale que les institutions ecclésiales doivent concrétiser est celle de la communauté des croyants en Jésus-Christ, telle que celui-ci l'a voulue d'après la foi de l'Église primitive : une communauté unique à travers le temps et l'espace, d'ordre strictement religieux, à laquelle tous les êtres humains sont appelés par la prédication de l'Évangile, sans qu'on ait aucunement le droit de les contraindre à y entrer (les conversions forcées, pratiquées à certaines époques, sont une aberration absolument contraire au message évangélique), ni à y demeurer (l'Inquisition est une aberration du même type). Elle doit être, suivant la fameuse distinction évangélique entre le domaine de Dieu, l'Église, et celui de César, l'État, à la fois indépendante par rapport au pouvoir politique et dépourvue de tout pouvoir hiérarchique à son égard ; le césaropapisme de type byzantin s'explique par la rémanence en climat chrétien de la confusion du politique et du religieux dans la cité antique tandis que la chrétienté sacrale du Moyen Âge, dominée par la papauté, vient de la même rémanence et de la désagrégation de l'organisation politique de l'Europe occidentale à la fin du premier millénaire. Cette idée de communauté unique des croyants en Jésus-Christ, ou de Peuple de Dieu, a été vigoureusement mise en relief par Vatican II, mais elle n'avait jamais disparu de la conscience collective de l'Église. C'est pour cela que l'hérésie et le schisme y ont toujours été ressentis comme une rupture douloureuse et scandaleuse. On devient membre de la communauté par le baptême et la profession de foi. Tous les membres sont fondamentalement égaux et appelés à la même sainteté essentielle, qui consiste, de leur part, dans l'accomplissement, aussi plénier que possible, du double commandement de l'amour de Dieu et du prochain, dans lequel se résument les exigences de l'Évangile, et tous doivent être des éléments actifs de la communauté, mais chacun a son rôle spécial à y jouer, qui vient de l'initiative divine (théologie paulinienne des charismes). La distinction la plus importante qui existe entre eux – du moins dans l'Église catholique et l'Église orthodoxe, car les Églises protestantes issues de la Réforme ne l'admettent pas en principe – est celle qui s'établit entre les titulaires du sacerdoce ministériel – le corps épiscopal (évêques) et ses collaborateurs (les[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René COSTE : professeur à l'Institut catholique de Toulouse
- Pierre LIÉGÉ : professeur aux Facultés dominicaines du Saulchoir et à l'Institut catholique de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
ABBÉ PIERRE HENRI GROUÈS dit L' (1912-2007)
- Écrit par Jean-Claude PETIT
- 1 094 mots
L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, voit le jour à Lyon le 5 août 1912. Il est le cinquième d'une famille de huit enfants qu'il qualifie lui-même de bourgeoise. Cette famille nombreuse lui vaudra d'avoir cent vingt-trois neveux et nièces, tous âges, tous degrés et toutes conditions confondus,...
-
ACTION CATHOLIQUE
- Écrit par Charles BALADIER
- 1 474 mots
Trop multiforme et trop étendue pour constituer une véritable organisation, l'Action catholique est plutôt un ensemble de mouvements obéissant à une sorte d'idée-force ou de loi-cadre qui consiste, dans l'Église contemporaine, à faire participer les laïcs à l'apostolat dont...
-
AMÉRICANISME, catholicisme
- Écrit par Émile POULAT
- 375 mots
Doctrine ou attitude condamnée en 1899 par Léon XIII dans sa lettre Testem benevolentiae. « Hérésie fantôme », diront ceux qui étaient ou se sentaient visés. Opinions nouvelles qui amalgament les vertus américaines avec de vieilles erreurs et font le jeu du protestantisme anglo-saxon, expliqueront...
-
AMÉRIQUE LATINE, économie et société
- Écrit par Jacques BRASSEUL
- 13 724 mots
- 22 médias
L'Amérique latine est avant tout un continentcatholique : elle porte près de la moitié des fidèles de l'Église de Rome, un tiers de ses évêques. La population est chrétienne à 90 p. 100, et les protestants, en progression, en représentent 20 p. 100, essentiellement au sein des différentes... - Afficher les 126 références