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CATHOLICISME Les nouveaux mouvements ecclésiaux

Les nouveaux mouvements ecclésiaux qui s'affirment au sein de l'Église catholique à partir des années 1970 signalent la reprise d'une spiritualité laïque. Ils s'expriment sous la forme de groupements communautaires à l'heure d'une société apaisée dans ses rapports avec l'Église et « désidéologisée » dans ses pratiques culturelles. L'exigence d'une foi retrouvée par une démarche spirituelle intérieure et l'expression communautaire comme signe visible et réalisation concrète de ce même réapprentissage spirituel distinguent nettement les nouveaux mouvements ecclésiaux des différentes associations de fidèles promues auparavant par la structure ecclésiale. En ce sens, le soutien accordé finalement à ces différents mouvements – notamment aux Focolari, au Chemin néocathéchuménal et à Communion et libération –, et la reconnaissance de leur fonction évangélisatrice constituent un tournant significatif dans l'Église contemporaine : plus qu'une simple attitude stratégique, ce choix implique une révision des formes de l'évangélisation elle-même.

Dans les développements qui suivent, on essayera de rendre compte de cette transformation en parcourant à grands traits l'histoire de certains de ces mouvements, et en soulignant certains aspects qui les caractérisent.

Renouveau spirituel

Les nouveaux mouvements ecclésiaux prennent la relève des associations traditionnelles dans l'univers catholique une fois apaisés les conflits opposant l'Église aux États en Occident. Dans ces conflits, un associationnisme catholique militant avait été construit par l'institution ecclésiale dans le but de pénétrer et d'évangéliser la société laïque. Toute recherche de spiritualité développée en dehors de ces appareils associatifs devenait secondaire. En ce sens, le raidissement doctrinal et la centralisation qui s'opèrent à l'égard des différents ordres religieux à partir de la seconde moitié du xixe siècle – comme le rappelle Raymond Hostie – marquent aussi les différentes formes de spiritualité : la ferveur collective des cultes et l'extension des participations sont préférées à l'intensité des engagements individuels et à la recherche spirituelle.

Ainsi, alors que le protestantisme et notamment le méthodisme connaît déjà un renouveau spirituel avec le pentecôtisme classique aux États-Unis au début du xxe siècle et bien que plusieurs courants spirituels traversent déjà le catholicisme européen de l'entre-deux-guerres, l'associationnisme traditionnel l'emporte encore largement dans les stratégies de présence dans le monde au milieu du xxe siècle. L'expérience des Focolari, dont la fondatrice, Chiara Lubich, est membre du tiers ordre franciscain, date de 1944, mais l'association, après plusieurs étapes, n'est reconnue qu'en 1965. Bien que le pentecôtisme arrive en Italie en 1906, les mouvements qui en dérivent, tels le néo-pentecôtisme protestant et le renouveau charismatique catholique, ne s'affirment que dans les années 1960. Jeunesse étudiante naît en 1955 dans la tentative de réformer la présence chrétienne jusque-là assurée par l'Action catholique, mais son chemin d'éducation à la foi n'est reconnu qu'en 1982 sous le nom de Communion et Libération.

De fait, la plupart des mouvements (exception faite, entre autres, pour le Chemin néo-catéchuménal qui est né en 1964) ne s'affirment et ne sont acceptés qu'après le IIe concile du Vatican. Le concile, en enregistrant les ouvertures du monde moderne mais aussi les formes multiples de dialogues désormais largement ouvertes (surtout hors d'Italie), fait sortir l'Église catholique de cette psychologie de citadelle assiégée qui, d'après Pietro Scoppola, l'avait jusque-là conditionnée.[...]

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