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CATHOLICISME Les nouveaux mouvements ecclésiaux

Caractéristiques communes

Ce qu'on appelle les « mouvements ecclésiaux » sont tout d'abord des associations de fidèles, les membres du clergé n'étant présents qu'à titre individuel. Fondés, comme le signale Danièle Hervieu-Léger, par des « personnalités-phare » agissant par rapport à un événement radical qui a marqué leur vie et proclamant une modalité nouvelle de vivre l'appartenance chrétienne, les différents mouvements se développent autour de ces personnalités. Il en résulte que toute l'organisation interne se réalise sur le mode charismatique, où le fondateur « nomme » ses disciples.

La « communauté des disciples » devient un premier trait essentiel à cette forme de lien. Sur ce point, on peut parler, en référence à Ernst Troeltsch et au mode idéal-typique qu'il propose, d'une présence de traits sectaires dans la mesure où l'appartenance à ces mouvements est souvent subordonnée à la disponibilité à s'engager sans réserves dans un « parcours » de formation plus ou moins structuré, et où l'entrée et la permanence se font l'expression d'un consentement volontaire du sujet à une vie totalement renouvelée par l'esprit. Par ce biais chaque mouvement peut avoir tendance à se différencier implicitement d'une masse de croyants hésitants et, par là, coupables d'avoir refusé la « grâce » de l'appartenance à la communauté. Naturellement, à l'instar des ordres religieux, bien que dans une conjoncture radicalement différente, ces traits sectaires se surajoutent à la revendication d'appartenance ecclésiale. Cela implique, à la fois, la reconnaissance de l'autorité ecclésiale comme instance authentifiant la spiritualité du mouvement et l'acceptation d'une présence plurielle de parcours à l'intérieur de l'Église.

Un deuxième trait unificateur peut être repéré dans le constat d'insuffisance formulé par ces mouvements à l'encontre des formes traditionnelles de la pratique. Un engagement plus intense est exigé et c'est bien la totalité de la vie du sujet qui est concernée. L'image des premières communautés chrétiennes se constitue alors comme utopie rétrospective, modèle indépassable à remettre en vigueur.

Cette remise en cause des pratiques ne passa pas inaperçue. Ces mouvements furent à leur tout début perçus comme une déviation par rapport au but principal : la lutte contre la menace de l'athéisme et la réévangélisation des classes éloignées de l'Église, l'une et l'autre se réalisant par la visibilité massive des foules croyantes et la présence chrétienne dans les expressions de la société civile, notamment les partis et les syndicats.

Ce n'est qu'à partir du deuxième concile du Vatican et de la redéfinition d'une Église comme communauté des croyants « en chemin » que ces nouvelles formes de spiritualité sont réhabilitées. Si le monde cesse d'être totalement « autre » par rapport aux chemins du salut, l'Église ne peut se refuser de prendre en compte les signes qui, dans le monde, marquent ce chemin. Cette interrogation de l'Église sur le monde moderne n'est pas séparée d'une réflexion sur elle-même : les différents mouvements deviennent, eux aussi, un signe à déchiffrer, une interrogation pour l'Église elle-même, sinon même un don de l'esprit.

Un troisième trait unificateur peut être repéré dans l'évolution organisationnelle de ces différents mouvements. En effet la plupart d'entre eux procèdent à la création de relais associatifs toujours plus organisés, de même que s'affirme la tentative de construire des œuvres éducatives et caritatives. De ce fait, les mouvements se différencient de l'intérieur : laïcs consacrés, prêtres, religieux, jeunes célibataires, familles entreprennent des parcours[...]

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