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CATHOLICISME Les nouveaux mouvements ecclésiaux

Les nouveaux mouvements ecclésiaux dans la modernité

Sous le pontificat de Jean-Paul II, la fonction d'évangélisation des mouvements devient explicite. Le contexte est tout à fait différent de celui des années optimistes qui suivirent le IIe concile du Vatican dont la constitution Gaudium et Spes a reflété le climat. Si de nouveaux mouvements raniment la vie des paroisses et si le bénévolat catholique semble s'affirmer, le processus de sécularisation des consciences et l'enlisement des structures ecclésiales ne cessent de s'aggraver. Le monde nouveau dont le IIe concile du Vatican saluait les progrès n'est point sans problèmes et, surtout, il ne semble pas enrayer le déclin du nombre des pratiquants et la crise des vocations.

Au-delà de tout bilan, plus ou moins partiel, ce qui est décisif est que le monde contemporain affectant de rejeter toute idéologie ne peut plus être « terre de mission ». Les moteurs de socialisation tels les partis politiques et les syndicats enregistrent, si possible, une crise beaucoup plus grave que celle des structures ecclésiales. Dans ce monde qui n'a plus ses lieux producteurs de lien social, c'est bien toute une évangélisation fondée sur la présence dans les différents milieux qui perd sa signification.

La spiritualité de ces mouvements se présente comme une option globale qui propose, au lieu d'une insertion dans des « lieux » désertés ou devenus inexistants, une vie nouvelle immergée dans le siècle. Mais surtout la primauté d'une évangélisation réalisée par des témoins plutôt que des prêcheurs s'inscrit tout entière dans la réalité postmoderne dont elle révèle des aspects fondamentaux.

Le tout premier de ces aspects réside dans la centralité de l'autonomie du sujet. En effet, la fondation de ces mouvements sur des traits charismatiques donne aux témoins un pouvoir décisif puisqu'il n'y a point de porteur de charisme sans reconnaissance sociale. Les communautés de disciples, à leur tour, laissent chaque nouvel arrivé libre de reconnaître ou pas la validité du témoin. La libre appréciation du témoignage devient, de ce fait, le seul critère rationnel dans le parcours d'adhésion au mouvement. Enfin, le fait pour tous ces mouvements de s'inscrire dans le même contexte catholique les empêche de se présenter comme voie unique du salut, augmente les marges d'autonomie d'un sujet qui reste libre de choisir entre des formes différentes de renouvellement spirituel.

Si le sujet reste autonome dans son choix d'adhérer ou pas, il faut aussi dire – et c'est là le deuxième aspect – que les mouvements offrent un parcours spirituel qui est aussi un lien social. Charpentés sur le modèle communautaire, ces mouvements donnent vie à une pluralité de réseaux relationnels qui posent le sujet dans un univers d'échanges, de sociabilité et d'entraide sans équivalents. Ces relations sont, à la fois, hautement significatives et néanmoins suffisamment discrètes car les appartenances manifestées par des signes extérieurs perdent de leur utilité dans un contexte de pluralité des spiritualités. L'appartenance ne requérant plus le marquage social soumet ces relations significatives aux seuls principes de discrétion sociale qui est l'un des traits distinctifs de la sociabilité urbaine contemporaine.

À partir de ces aspects, il est possible de parler de « nouvelle évangélisation » en termes substantiels. Les nouveaux mouvements annoncent un changement de style. Ainsi, au lieu d'imposer une évidence, leurs membres affirment l'existence d'un événement qui a changé leur vie ; au lieu d'emprunter les voies du repentir et de la conversion, ils proposent une vie renouvelée ; à un itinéraire de prière, ils joignent des rencontres de réflexion et d'examens de conscience ; à une participation marginale aux rites traditionnels,[...]

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