CAUCASE
Les grandes régions
On traitera ici, non seulement de la chaîne caucasienne stricto sensu, mais aussi des montagnes et bassins faisant géologiquement partie du système caucasien et formant avec la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, un ensemble de régions bien individualisées tant par leur position périphérique et leur assimilation tardive que par la spécificité des peuples et des cultures. On s'attardera enfin sur les conflits armés qui déchirent le Caucase.
La haute chaîne
L'ensemble de la chaîne couvre 450 000 km2 et s'élève à 5 629 m au mont Elbrouz. La puissance du soulèvement explique les dimensions et les altitudes. Les phases tectoniques qui se sont succédé ont différencié : un noyau de roches cristallines et de formations primaires indurées formant une longue amande centrale ; des masses énormes de flysch (grès et schistes jurassiques) provenant de la démolition de premières chaînes et enrobant le noyau ; des dépôts tertiaires profonds accumulés dans des fosses d'avant-pays et soulevés sous forme de chaînes d'avant-mont ainsi que des émissions volcaniques crevant le cristallin et le flysch et donnant, dans la zone axiale, les sommets culminants.
La dernière phase de soulèvement est ici très récente, puisque l'ensemble de la déformation quaternaire atteindrait verticalement 3 km, dont 400 m depuis le stade glaciaire de Riss. La tectonique contemporaine bouleverse les éléments les plus frais du relief : des coulées volcaniques recouvrent des moraines de la dernière glaciation, celle de Chvalinych (Würm) ; les séismes fréquents et dévastateurs entraînent des avalanches de pierres, la formation de failles, le déplacement des cours d'eau. La presqu'île d' Apchéron qui prolonge l'axe du système caucasien est formée de 250 petits anticlinaux, diapirs et volcans de boue dont l'activité reste constante et qui traversent des formations quaternaires. L'importance des sources thermales et minérales qui jalonnent les failles a fait du Caucase, dès l'époque tsariste, la région balnéaire de la Russie (le nom de Tbilissi signifie en géorgien « soufre ») ; Mineralnye Vody et Kislovodsk (avec la célèbre eau de « Narzan ») restent des stations réputées, malgré la baisse sensible de fréquentation imputable aux troubles affectant la région.
Cette formation très récente explique la relative rareté, en regard des autres montagnes alpines, des formes de relief glaciaire : la chaîne n'ayant pas atteint une forte altitude, au moins durant les premières phases tectoniques, les formes würmiennes seules sont relativement bien représentées par des cirques, quelques vallées en auge assez courtes et des vallums d'accumulation.
Une barrière, un refuge
La position du Caucase en fait une barrière climatique. Il oppose aux masses d'air arctique stagnant sur les steppes un barrage infranchissable : ainsi la côte sud-est de la mer Noire et la dépression de Colchide, protégées des coups de froid, connaissent un type original de climat subtropical. Les dépressions venues de l'ouest circulent librement le long du flanc sud, la montagne canalisant des vents dominants. Les zones de forte pluviosité se situent au bord de la mer Noire. La partie orientale est moins arrosée que le centre et l'ouest.
Obstacle aux communications nord-sud, la chaîne, peu découpée, difficilement pénétrable, a longtemps été isolée des pays russes. La civilisation géorgienne a reçu des apports de Byzance, par la mer Noire, alors que l'Azerbaïdjan a été islamisé. Le Caucase a joué le rôle d'un refuge devant les invasions qui ont balayé les steppes, ce qui explique la multiplicité des peuples qui, retirés dans les hautes vallées, ont gardé leurs langues et traditions ; ces pasteurs ou agriculteurs ont exploité les ressources de la montagne. Certains ont longtemps évolué en vase clos[...]
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Écrit par
- André BLANC : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre, journaliste scientifique
- Georges CHARACHIDZÉ : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Louis DUBERTRET : directeur honoraire de recherche au C.N.R.S.
- Silvia SERRANO : maître de conférences en science politique à l'université d'Auvergne, chercheur associé au Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen, École des hautes études en sciences sociales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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