CAVALERIE
Le terme « cavalerie », issu du mot italien cavalliera, désigne les troupes dont les déplacements, les évolutions et le combat s'exécutent à cheval.
La mobilité, la vitesse et la souplesse des allures, qui permettent la variation rapide des attitudes, la rusticité, enfin, constituent les qualités essentielles d'une bonne cavalerie. Durant trois mille ans, la cavalerie représente l'arme de l'exploration lointaine, de la manœuvre stratégique profonde. Elle permet la surprise, l'exploitation à outrance, l'invasion et la conquête. Elle transforme l'histoire, car elle provoque, par-delà les espaces vides, des conflits entre peuples qui s'ignorent ; elle exaspère leurs luttes par le dynamisme et la passion.
Les cavaleries antiques
Les sociétés anciennes chassent le cheval sauvage comme un gibier ; il demeure longtemps inconnu ou négligé au Proche-Orient. Mais il est déjà domestiqué par les nomades mongols et tibétains ; et les princes chinois l'utilisent vingt siècles avant notre ère. Depuis le Gobi, l'usage du cheval va s'infiltrer au fond des péninsules d'Asie et vers les plaines de l'Europe orientale. Cette pénétration sera marquée, du deuxième millénaire avant notre ère aux xiiie et xive siècles, par de grandes invasions cavalières. Déferlant des steppes marginales du Pamir, ou depuis les bords du Kéroulen, exceptionnellement d'Arabie ou du Maghreb, elles sont déclenchées par des peuples de dompteurs de chevaux ; ces sociétés errantes et primitives forment des armées tribales d'archers montés dont la simplicité met en défaut les civilisations plus évoluées qu'elles détruisent ou subjuguent.
Par réaction, les États sédentaires organiseront des cavaleries. L'ère commence des « grands empires mouvants ». Plutôt que le cavalier à califourchon, c'est le char attelé, plate-forme roulante d'archers, qui prédomine chez les Hittites, les Hourrites et les Égyptiens. La charrerie, caste de métier, compte trente à trois cents véhicules pour mille fantassins. Ramsès II, devant Kadesh (Homs), se heurte à deux mille chars hittites.
Les grands empires mouvants
Les Assyriens mettent en selle une véritable cavalerie, libérée de la roue, montant des animaux racés et combattant à l'épée et à la lance comme à l'arc et au javelot. Le relais est pris par les fondateurs d'un nouvel « empire mouvant » : les Perses, dont les succès reposent sur une cavalerie d'archers qui atteint, avec Darius, une perfection inégalée. Durant la grande révolte de 522-521, un corps franchit, en douze jours, plus de cinq cents kilomètres, depuis Ecbatane jusqu'en Arménie, où les rebelles sont surpris en pleine concentration.
Mais, aventurée hors des steppes, dans les sites compartimentés de l'Hellade, la marée équestre de Xerxès (soixante mille chevaux, au dire de Platon) ne pourra, malgré le soutien d'une infanterie considérable mais hétérogène, entamer la solidité des hoplites.
Entraîné par Alexandre, le monde grec passe plus tard à la contre-offensive, de 334 à 323 ; la cavalerie lourde des « hétaires » bouscule la chevalerie perse. Chargeant par escadrons, au glaive et à la lance, la phalange équestre, composée au départ de cinq mille cavaliers seulement (pour trente mille hoplites), constitue l'arme de choc et d'exploitation. Elle atteindra l'Indus et le haut Nil. Les Séleucides, Antiochos III entre autres, conserveront longtemps les terres conquises, grâce à une cavalerie maintenue en haleine, et remontée par les fameux haras d'Apamée.
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Écrit par
- Paul DEVAUTOUR : colonel, professeur honoraire à l'École supérieure de guerre
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