CAVALERIE
Les cavaleries médiévales
La cavalerie de Byzance
Durant mille ans encore, Byzance oppose aux hordes d'archers montés une armée professionnelle peu nombreuse, articulée sur le principe ternaire, avec primauté à la cavalerie : le « méros » de trois mille chevaux est divisé en trois « moires » de trois « tagmas » ; et les « buccelarii », mi-infanterie mi-cavalerie, de vingt mille hommes, en trois « turmas » de trois « moires » de dix « tagmas ». Les « cataphractaires » manient l'arc, la lance et l'épée. L' étrier, innovation décisive, utilisé depuis longtemps par les Scythes, leur donne une assise qui permet la charge à fond et le choc. Les Vandales et les Perses sont surclassés. L'infanterie de Byzance est reléguée au rôle subalterne de garde des camps et communications.
La chevalerie d'Occident
Les royaumes francs et wisigoths, l'Empire carolingien adoptent le système de la cavalerie cuirassée ; elle se recrute parmi les propriétaires fonciers qui s'équipent à leurs frais et sont dotés, eux aussi, de l'arc et de la lance. Mais l'impuissance carolingienne à dominer Normands, Sarrasins, Hongrois engendre une société armée, morcelée et complexe. C'est l'époque de la forteresse et de l'adoubement solennel. Excellents guerriers individuels, les chevaliers ne peuvent constituer une cavalerie homogène, mais des rassemblements temporaires de cohésion précaire.
Aux xiie et xiiie siècles, la chevalerie admet à ses côtés une « sergenterie » roturière, montée et armée plus légèrement. La cellule de l'organisation féodale sera la « lance garnie » : chevalier, écuyer, archer, page, « coutillier », valet, tous montés. Les « lances » se groupent en « bannières », elles-mêmes rassemblées en « batailles » de cinquante à cent chevaliers, davantage même, aux ordres d'un grand seigneur, et sous l'autorité suprême du suzerain. En dépit d'une bravoure et d'un entraînement individuel exceptionnels, les « chevaliers Teutoniques » et les Polonais du duc de Silésie sont écrasés par les Mongols, à Liegnitz en 1241, et les Hongrois, au pont de Mohi.
Les hordes mongoles
Car si les cavaleries tribales perses, arabes et turques ont été contenues, rien ne peut briser l'ouragan mongol. Gengis Khan et ses descendants submergent presque toute l'Asie et l'Europe orientale : dernière épopée du cheval de guerre issu du Gobi. L'errance sur de grands espaces, le climat rude, la chasse et la guerre entre clans ont donné aux Mongols les qualités du troupier né, à leurs chefs le sens inné de la tactique et de la stratégie. Disposant d'animaux rustiques, recrutés par « yourtes », clans et tribus, organisés en divisions de dix mille chevaux, régiments de mille, escadrons de cent, groupes de dix, les Mongols mènent la guerre comme une gigantesque battue. Ils progressent dispersés en surface, vivent de la chasse et du lait des juments qui poulinent en route, se renseignent au plus loin, surgissent à l'improviste, exploitent surprise et désarroi, manœuvrent de flanc ou de revers, harcèlent à l'arc, attaquent concentrés en masse et au sabre, mènent jusqu'à l'anéantissement une poursuite féroce. Leur cohésion, leur discipline, la fureur de leur élan, la terreur qu'ils inspirent, leur ubiquité les rendent irrésistibles. Mais l'Europe cloisonnée, boisée, agricole, hérissée de forteresses, les étonne, et la mort d'Ogoday les ramène au berceau de leur empire. Nouvelle et brève flambée, un siècle plus tard, Tamerlan, à la tête d'une cavalerie mongole islamisée, ravage l'Inde et l'Asie du Sud-Ouest.
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Écrit par
- Paul DEVAUTOUR : colonel, professeur honoraire à l'École supérieure de guerre
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