CAVALERIE
De la chevalerie à la cavalerie
Les chevaleries européennes sont également tenues en échec par le système militaire turc (Nicopolis, 1396), par les « communiers » d'Occident, par les archers gallois. De plus, le canon, le « baston à feu », la longue pique retrouvée restaurent la puissance de choc et d'arrêt des gens de pied, effacent la suprématie des cavaliers bardés.
Gendarmerie, cavalerie légère, dragons
En France, Charles VII institue les « compagnies de gendarmes d'ordonnance » : quinze, de cent lances chacune. Il crée ainsi la première armée permanente soldée. À travers l'Europe, l'organisation de « gendarmeries » professionnelles donne naissance aux « cavaleries » modernes. Dans le même temps, l'Asie cavalière s'assoupira. Et déjà les Moscovites découplent leurs cosaques à contre-courant, jusqu'au Kamtchatka (1689).
Devant les armes à feu, la « cavalerie », à peine née, élargit son recrutement hors de la classe aristocratique, et se diversifie. Si la charge « en haie », à la lance, demeure la mission exclusive des nobles « gendarmes », après les guerres d'Italie où l'arquebuse a percé l'« armure de plates », une cavalerie semi-légère apparaît, armée du pétrinal et du pistolet ; elle combat par le feu en formations ouvertes et profondes, chaque rang venant tirer « à brûle-pourpoint », et s'effaçant dans les intervalles par un « caracol ». La recherche du choc, ainsi négligée au xvie siècle, est remise en honneur par Cromwell et Gustave Adolphe, avec des unités peu nombreuses mais bien montées, très manégées, d'un moral élevé. Les régiments s'articulent en escadrons de plusieurs compagnies au cours de la guerre de Trente Ans. En 1635, Richelieu met sur pied cinquante régiments de deux escadrons à deux compagnies. Les compagnies comptent environ cent, puis soixante à soixante-dix « maîtres ». Louis XIV dispose, en 1678, de sa « maison du roi », de la vieille « gendarmerie », qui, sous Henri IV, a délaissé la lance, et, après Rocroi (1643), l'armure de « pied en cap » ; mais, surtout, de quatre-vingt-dix-neuf régiments de cavalerie ordinaire, dite « légère », des dragons enfin, créés par le maréchal de Brissac entre 1550 et 1560, portés à six régiments par Richelieu, puis à quatorze. Les dragons sont plutôt des fantassins et des pionniers montés, dotés d'outils, de fusils, et de baïonnettes dès le début du xviiie siècle.
Vers une spécialisation accrue : les hussards
L'élevage national produit de bonnes races autochtones, en particulier au Limousin, en Normandie ; après la vogue, depuis le Moyen Âge, des chevaux syriens et espagnols, allemands, puis danois et frisons, Henri IV a créé les premiers haras royaux, que multiplie et aménage Colbert. Ainsi la cavalerie française, aguerrie, remontée par des élevages de qualité, se révèle-t-elle excellente en face de rivales de classe, anglaise et autrichienne. Mais ces cavaleries reflètent aussi les lourdeurs de leur temps ; elles ne réalisent aucun exploit stratégique de grande allure, à part la manœuvre de Turenne en Alsace (déc. 1674-janv. 1675), de Marlborough depuis les Flandres jusqu'à Höchstädt, en 1704, ou de Villars à Denain, en 1712.
Au xviiie siècle, la cavalerie se spécialise. Mis à la mode par les Autrichiens, les hussards, armés du sabre courbe, entrent en lice. La guerre de Sept Ans multiplie les troupes légères. Frédéric II dispose d'une cavalerie d'élite, conduite avec science par Seydlitz et Ziethen (Rossbach et Leuthen, 1757), mais à qui le « vieux Fritz » ne confie pas de missions lointaines, car le moral et la fidélité ne sont pas au niveau d'une instruction minutieuse et d'une discipline toute formelle.
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Écrit par
- Paul DEVAUTOUR : colonel, professeur honoraire à l'École supérieure de guerre
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