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CAVALERIE

Cavaliers de la Révolution et de l'Empire : XIXe siècle

En France, à la veille de la Révolution, la cavalerie, comme toute l'armée royale, est moderne, instruite, très bien tenue. Elle compte, en 1786, trente et un régiments de cavalerie, dont un seul cuirassé, deux de carabiniers (l'élite), vingt-quatre de dragons, six de hussards, six de chasseurs, portés à douze, en 1788, par transformation de six régiments de dragons ; mais la « gendarmerie », trop coûteuse, a été supprimée.

L'émigration, la suppression des haras, la prolifération de corps fantaisistes, le gâchis qui s'ensuit portent un coup fatal à la cavalerie française, dont manqueront cruellement les généraux de la République. À son retour d'Égypte, Bonaparte s'emploie à la réorganiser ; en 1804, elle comprend (outre les trois régiments de la garde) : une cavalerie légère (dix régiments de hussards, vingt-six de chasseurs), une cavalerie de ligne (trente régiments de dragons), une cavalerie lourde (douze régiments de cuirassiers, deux de carabiniers). S'y ajouteront ultérieurement des chevau-légers-lanciers et les cavaleries étrangères alliées. Malgré la restauration des haras en 1806, l'élevage français est vite épuisé ; les chevaux de prise y suppléent tant bien que mal.

Mais Napoléon utilise cette arme à merveille. La cavalerie légère est, dans son ensemble, répartie par divisions ou brigades à travers les corps d'armée ; ce qu'il en reste, et surtout la cavalerie de ligne et la « lourde » forment la « réserve de cavalerie », corps autonomes et divisions dotés d'artillerie à cheval. La cavalerie explore, découvre, renseigne, masque, dupe, protège, combat avec l'appui de l'artillerie, en liaison avec l'infanterie qu'elle précède ou soutient, fait brèche et poursuit à fond. Cependant, c'est dans la campagne d'Iéna que la cavalerie impériale assume le plus complètement ses missions stratégiques et tactiques. Du simple point de vue tactique, ses interventions dans la bataille sont le plus souvent sans appel, comme à Austerlitz, dans la grande charge de Murat à Eylau, ou au cours de la mêlée crépusculaire d'Eckmühl. En 1812, elle s'épuise contre l'insaisissable rideau des Cosaques, et, à Waterloo, les six mille chevaux lancés, sans appui d'artillerie ni soutien d'infanterie, ne peuvent écraser des « carrés » intacts. Déjà, la puissance du feu semble devoir éloigner définitivement du champ de bataille les actions massives à cheval et à l'arme blanche. Or, depuis le xviie siècle, le combat à pied a toujours été envisagé, car les cavaliers sont dotés de mousquetons ou de carabines. Mieux, en 1812, Napoléon leur donnera des baïonnettes, même aux « lourds » ; c'est bien la marque tangible que le combat à pied est possible et souhaité, quand le feu interdit le combat à cheval.

Toutefois, le romantisme de la charge hante les cavaliers français ; les étrangers partagent ces aspirations attardées, alors que l'obus explosif, la carabine rayée, le fusil à répétition, la mitrailleuse rendent de plus en plus hasardeuses et vulnérables les évolutions équestres ; l'hécatombe de la brigade de cavalerie légère de lord Cardigan à Balaklava en est l'affirmation. Quelques tournois spectaculaires, cavalerie contre cavalerie, comme, en 1870, celui de Mars-la-Tour, effacent les sanglantes chevauchées des cuirassiers à Reichschoffen, de la brigade Bredow à Vionville, ou des chasseurs d'Afrique à Floing. Seuls, les Américains ont adapté aux conditions nouvelles du combat leurs escadrons qui pratiquent le tir à pied et à cheval, et chargent revolver plutôt que sabre au poing. Enfin Sherman, avec sa marche décisive à la mer, sur les arrières des confédérés, retrouve le style des grandes stratégies indirectes.[...]

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Écrit par

  • : colonel, professeur honoraire à l'École supérieure de guerre

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Médias

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

Bataille de Balaklava - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bataille de Balaklava

<it>Bataille de Reischoffen</it>, A. Morot - crédits : AKG-images

Bataille de Reischoffen, A. Morot

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