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CAVALERIE

La cavalerie au XXe siècle

Le premier conflit mondial ne donnera pas le coup de grâce à la cavalerie, qui dispose maintenant de mitrailleuses attelées, de batteries à cheval, de chasseurs cyclistes, d'autos-blindées. Les occasions ont toutefois manqué de succès stratégiques spectaculaires, même sur les fronts orientaux, où évoluent de grandes unités montées, russes, allemandes et autrichiennes. Sur le front occidental, la cavalerie française apparaît aussi ardente qu'aux premiers âges, dans les rencontres occasionnelles de pelotons ou d'escadrons. Mais les actions des « corps de cavalerie », dans les deux camps, ne sont pas déterminantes. La densité du feu, la permanence de la bataille handicapent aussi le nécessaire entretien des montures, en dépit de l'admirable allant de la troupe, dont témoignent, entre autres, le raid de 120 kilomètres effectué par la 5e division de cavalerie, sur les arrières de la 1re armée allemande, du 8 au 11 septembre 1914, ou bien la « course à la mer » après la bataille de la Marne. Les commandements adverses maintiennent des unités à cheval durant toute la guerre de position dans l'espoir de les découpler un jour à travers la brèche, en direction des grands arrières. Certaines tentatives prématurées se soldent par de graves échecs : français en Champagne, 1915 ; anglais à Cambrai, 1917. En revanche, le commandement allemand, en mai 1918, ne peut exploiter la rupture du Chemin des Dames, faute des divisions de cavalerie demeurées en Ukraine ; leur intervention aurait sans doute alors été décisive, comme le seront celles du « corps monté » australien en Palestine, l'odyssée de la brigade Jouinot-Gambetta, qui déterminera dans les Balkans l'effondrement germano-bulgare, ou la poursuite menée par la cavalerie italienne à Vittorio Veneto.

Nouvelle retraite de Russie - crédits : Keystone/ Getty Images

Nouvelle retraite de Russie

La guerre 1939-1945 n'élimine pas non plus la cavalerie. Beaucoup mieux adaptées au combat à pied qu'en 1914, disposant d'animaux dont le cuir s'est « fait à la dure » pendant la « drôle de guerre », les unités françaises à cheval se battent avec brio en mai et juin 1940. Les Allemands, faute d'essence, gardent jusqu'à la fin des transports hippomobiles et des troupes montées, particulièrement en Russie. Quant à l'Armée rouge, elle a conservé une énorme cavalerie ; elle en aurait poussé les effectifs au chiffre fabuleux de six cent mille ; des corps autonomes de plusieurs divisions, articulées en trois régiments et appuyées par des mortiers, escadronnent dans les secteurs secondaires, interviennent au moment du dégel qui paralyse les véhicules à moteur ; en 1944, quand s'est perdue la supériorité allemande en blindés et en avions, la cavalerie russe surgit en grandes masses, déborde sur les lointains arrières à travers forêts et marécages. Enfin, la victoire française du Garigliano (mai 1944) est due à l'exploitation en montagne des tabors et de la 4e division marocaine, avec leurs pelotons montés, leurs batteries et leurs trains de combat portés sur bât.

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Écrit par

  • : colonel, professeur honoraire à l'École supérieure de guerre

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-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

Bataille de Balaklava - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bataille de Balaklava

<it>Bataille de Reischoffen</it>, A. Morot - crédits : AKG-images

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