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CAVOUR CAMILLO BENSO DE (1810-1861)

La création du royaume d'Italie

Cavour et Garibaldi

Cependant la cession de Nice irrita fort Garibaldi qui était né dans cette ville et qui commença à penser à une expédition dans le royaume de Naples. Cette expédition aurait bénéficié de la sympathie et de l'appui secret de l'Angleterre, où le retour des libéraux au gouvernement avait relancé une politique de soutien aux mouvements de libération nationale, et qui, de plus, se préoccupait de la puissance toujours plus grande de la France. Victor-Emmanuel II se montrait secrètement favorable à ce projet qui, cependant, créait des problèmes à Cavour : celui-ci craignait qu'une initiative révolutionnaire tendant à bouleverser l'équilibre établi ne provoquât une intervention française qui, à son tour, aurait entraîné une intervention autrichienne. Ainsi, l'Italie risquait de perdre l'indépendance qu'elle venait de conquérir. En outre, Cavour, qui était le représentant d'une politique modérée, appréhendait les répercussions d'une action garibaldienne qui aurait pu lui retirer la direction du mouvement unitaire italien.

De toute façon, il ne réussit pas à empêcher l'expédition des Mille, partie de Quarto : l'armée des Bourbons s'effondra très rapidement, face à un condottiere qui se révéla grand stratège au cours de batailles où furent engagés des milliers d'hommes. Aussi Cavour se préoccupa-t-il de fournir la couverture internationale à l'entreprise en présentant aux gouvernements et à l'opinion publique européenne la politique de la maison de Savoie comme la seule capable d'éviter les excès de la révolution comme ceux de la réaction. Ainsi la politique du « juste-milieu » était de nouveau invoquée comme garantie de l'ordre politique. Quand Garibaldi arriva à Naples, le Premier ministre envoya un corps expéditionnaire le long de la côte adriatique pour lui barrer la route de Rome (ce qui eût été très grave, parce que Napoléon III n'aurait jamais pu supporter, en raison des pressions des catholiques français, un acte de violence contre la papauté). Puis Cavour mit fin à la résistance des Bourbons et hâta l'annexion par la maison de Savoie des territoires libérés.

La question romaine

Après avoir surmonté cette crise, Cavour qui savait accueillir les leçons de la réalité et construire sur elles de nouveaux projets, comprit qu'il devait satisfaire la passion qui avait lancé Garibaldi et les siens à la conquête de Rome. Aussi consacra-t-il les derniers mois de sa vie (il mourut le 6 juin 1861) à la question romaine. Il espérait qu'un accord serait possible avec Pie IX et que ce dernier renoncerait au pouvoir temporel. Mais tous ses efforts restèrent vains. Cependant, les élections de toutes les régions italiennes au nouveau Parlement italien consacrèrent la création du royaume d'Italie (18 février 1861). Cavour aborda alors les problèmes intérieurs, ceux en particulier de la structure des régions et de l'unité du nouvel État, pour lesquels il nomma la commission Farini-Minghetti. Puis, il étendit le régime libéral à l'Italie méridionale, en fonction d'un principe doctrinal, certes, trop abstrait : la liberté de commerce introduite dans une société qui avait jusqu'alors vécu sous un régime protectionniste provoqua la disparition des rares industries de cette région. Mais, il était convaincu que la liberté, par elle-même, pourrait panser les blessures qu'elle provoquait. Sa mort advint trop tôt : ses successeurs n'eurent pas sa valeur ; trop souvent, ils compliquèrent les problèmes ou se laissèrent entraîner par un esprit de classe qui, dans l'œuvre de Cavour, n'avait jamais joué un rôle déterminant.

— Franco CATALANO

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Milan
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Cavour - crédits : AKG-images

Cavour

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