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CECCO D'ASCOLI FRANCESCO STABILI dit (1269-1327)

Astrologue, philosophe, compilateur scientifique, esprit universel et brouillon, Cecco d'Ascoli apparaît à bien des égards comme un personnage faustien. Tourmenté par des desseins sublimes, rongé par le ressentiment, envieux de l'art de Dante, audacieux et insolent, il semble illustrer, par une provocation constante, le caractère inexorable de la destinée, qui le conduira, pour sa part, au bûcher.

Né près d'Ascoli, Francesco Stabili s'assure très vite une grande renommée comme astrologue. S'il soutient que la destinée est déterminée par la configuration des astres à la naissance, la prudence l'incite, au début, à reconnaître à Dieu quelque pouvoir de la modifier. Annulant le libre arbitre, il affranchit l'être humain de toute responsabilité et rejoint ainsi la doctrine de l'impeccabilité, répandue à l'époque parmi les fraticelles. Sa popularité s'accroît de prédictions confirmées sur le sort de Louis de Bavière, de Castruccio Castrucani et de Charles de Calabre, dont il devient l'astrologue officiel. Une prophétie malencontreuse, annonçant dès la naissance d'une princesse, peut-être la future Jeanne Ire, l'état de débauche dans lequel elle se jettera, lui vaut la disgrâce. À Bologne, où il développe ses théories, il commente la Sphoera de Sacrabosco, somme des connaissances astronomiques de l'époque, dont il tire un rituel de pratiques magiques et à partir de laquelle il défend l'idée qu'il est possible d'agir par incantation sur certaines constellations. Son horoscope du Christ, où chaque détail biographique est expliqué par l'influence des astres, inquiète l'inquisiteur de Bologne, qui le contraint à abjurer le 16 décembre 1324. Qu'il ait reporté judicieusement à l'an 2000 l'apparition de l'Antéchrist n'empêchera pas la destruction de ses ouvrages d'astrologie. À l'interdiction qui lui est faite d'enseigner, Cecco répond par une nouvelle diffusion de ses œuvres, à Florence, et par un long poème, L'Acerba (1327), où il expose ses idées avec une singulière animosité contre Dante. Il y compile les connaissances du temps avec une volonté de faire œuvre scientifique et un dessein d'universalité qui annonce, avec moins de lumières, Pic de la Mirandole. Son déterminisme absolu fait de la nature un Dieu peu conforme à celui des chrétiens. La haine de l'évêque d'Aversa et du philosophe Dino del Garbo précipitèrent sa perte. En juillet 1327, l'Inquisition florentine le fit arrêter et brûler comme relaps.

— Raoul VANEIGEM

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