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KLAPISCH CÉDRIC (1961- )

Né en 1961, Cédric Klapisch, après des études de philosophie et de cinéma à Paris, étudie aux États-Unis où il tourne quelques courts-métrages. De retour en France, il signe plusieurs films d'entreprise avant Riens du tout (1992), premier long-métrage où Fabrice Luchini campe un jeune P.-D.G. qui veut moderniser un grand magasin pour éviter sa fermeture programmée. D'entrée, le cinéaste affirme un style – la comédie chorale – et une volonté de pratiquer un cinéma populaire non dénué de touches personnelles. Commande d'Arte pour la série « Les Années lycée », LePéril jeune (1993) sortira aussitôt en salles. C'est une brillante chronique impressionniste et empreinte de nostalgie oscillant entre drogue et politique, jeu de flipper et manifestations, qui raconte les aventures de cinq Pieds Nickelés de classe terminale menés par un jeune adolescent promis à une belle carrière : Romain Duris.

Au cinéma Chacun cherche son chat (1995) est tourné avec un budget très faible qui profite à la liberté d'inspiration du cinéaste. D'authentiques petites gens du onzième arrondissement de Paris sont montrés sur le vif, dans leurs cafés et leurs arrière-cours, partageant les premiers rôles avec des professionnels encore inconnus qui entourent l'adorable Chloé (Garance Clavel) dans ses rencontres avec la réalité de l'amour, de la solitude et de la solidarité au quotidien. Enregistrant la pièce d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre BacriUn air de famille (1996), Klapisch évite les traquenards du théâtre filmé en laissant la meilleure part aux auteurs-comédiens et aux dialogues. Ces trois succès publics ayant fait du metteur en scène une valeur sûre de la comédie de mœurs, il se voit confier un gros budget pour une fable de science-fiction tournée dans le décor de Paris en 2070 recouvert par les sables où le septuagénaire Ako (J.-P. Belmondo) est mis face à face avec le jeune Arthur (R. Duris) qui est en fait son père ! Quoique divertissant, Peut-être (1999) est un peu lourdement narré.

La consécration (trois millions d'entrées en 2002) vient avec L'Auberge espagnole : en colocation internationale, Romain Duris mène à vingt-cinq ans la joyeuse existence d'un étudiant Erasmus à Barcelone. La légèreté, le brio, la fraîcheur transforment plaisamment les clichés attendus du « film de jeunes ». Trois ans plus tard, Klapisch reprend la même équipe et rencontre à nouveau un immense succès avec Les Poupées russes (2005). Romain Duris incarne cette fois un cadre en rupture d'entreprise qui veut devenir écrivain. Les chemins croisés du groupe de trentenaires sont orchestrés habilement et la superficialité érigée en art de vivre fait parfois écho aux accents du cinéma pratiqué par Michel Deville dans les années 1960. Entre ces deux films, Marie Gillain éclaire Ni pour ni contre (2003), comédie qui vire au film noir dont Klapisch rajeunit les codes sans renoncer au rythme et au constat social.

Mais la choralité étendue à une ville de plusieurs millions de personnages potentiels amène le réalisateur à juxtaposer dans Paris (2008) des morceaux choisis de numéros d'acteurs (Juliette Binoche, Fabrice Luchini, à nouveau Romain Duris) tour à tour émouvants, amusants ou tragiques, emportés dans le tourbillon un peu vain d'un esprit et d'une technique aussi exaspérants que dans les films les moins réussis de Claude Lelouch. Pour la seconde fois l'auteur maîtrise mal les contraintes de la superproduction alors qu'il excelle dans l'intimisme du portrait de groupe dont il a su faire sans facilités un genre grand public.

Après avoir réalisé Ma part du gâteau (2011), Cédric Klapisch donne une suite à L’Auberge espagnole et aux Poupées russes avec Casse-tête chinois (2013).

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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