CEI (Communauté des États indépendants)
La C.E.I., cadre des relations économiques entre les ex-Républiques soviétiques
Comme on peut le voir, la C.E.I. n'a pas manqué de projets, d'institutions, de structures alternatives. Elle a manqué son but affiché : réaliser l'intégration économique de ses membres. A-t-elle au moins constitué un cadre pour les relations entre ses membres ? La question appelle une comparaison avec le C.A.E.M. Celui-ci n'a jamais été le « Marché commun de l'Est » comme on le qualifiait à tort quelquefois : ce n'était pas un marché, et il n'y avait pas de politiques communes. Le commerce et la coopération économique étaient organisés par rapport à l'U.R.S.S., qui entretenait des relations bilatérales avec chacun de ses membres. Dans le cas de la C.E.I., la Russie est et se sait la puissance dominante, mais n'entend pas, au contraire de l'U.R.S.S. au sein du C.A.E.M., sacrifier ses intérêts économiques à sa domination politique. C'est ainsi que l'on peut analyser l'évolution du commerce et des mouvements de capitaux au sein de la C.E.I.
Les relations commerciales
Après la désagrégation, de l'U.R.S.S. le commerce entre les Républiques ex-soviétiques s'est d'abord effondré (de 15-20 p. 100 dès 1991 et de 25 à 40 p. 100 en 1992) puis n'a cessé de décliner, sauf un petit rebond en 1996. Si, en 1990, près des trois quarts des exportations des Républiques soviétiques devenues ultérieurement Nouveaux États Indépendants se faisaient entre elles, en 1999 la part des échanges intra-C.E.I. représentait à peine plus du quart des échanges totaux. Dans ce commerce, la Russie est toujours excédentaire, surplus qu'elle cherche à réduire en diminuant ses exportations (tableau 2).
Les causes de ce déclin sont multiples :
– la disparition des liens commerciaux planifiés entre les Républiques ;
– les contingents, quotas ou autres restrictions quantitatives au commerce, toujours en vigueur ou réintroduites, spécialement entre les pays n'entrant pas dans l'Union économique euro-asiatique (cf. supra) ;
– le déclin progressif, en volume, des exportations d'énergie par la Russie, partiellement masqué par la hausse des prix de l'énergie dans le commerce mutuel (en 1992, la Russie vendait son pétrole et son gaz naturel à des prix inférieurs de 30 à 50 p. 100 aux prix mondiaux ; le rattrapage s'est fait peu à peu, mais n'était pas encore total en 1999) ;
– l'intérêt de la Russie et des pays exportateurs d'énergie de la C.E.I. (Kazakhstan, Azerbaïdjan, Turkménistan surtout) à commercer préférentiellement avec l'Ouest.
Les mouvements de capitaux
Après la disparition de l'U.R.S.S., tant le F.M.I. que les experts indépendants pensaient que la meilleure solution était de conserver à l'espace ex-soviétique une monnaie commune, qui serait le rouble. La crise monétaire en Russie et les initiatives prises par certains États pour instituer une monnaie propre conduisirent à un changement radical. Le F.M.I. recommanda en 1993 une monnaie séparée pour chaque pays de la C.E.I. et la création d'une union des paiements pour faciliter les transactions, union où le rouble russe serait utilisé comme monnaie de compte. Cette solution n'a pu être mise sur pied, vu l'absence de coordination des politiques de stabilisation monétaire entre pays de la C.E.I., l'insuffisance de financement externe pour soutenir l'union des paiements envisagée (du type de celle qui a été fournie par les États-Unis à l'Europe lors de l'expérience réussie de l'Union européenne des paiements entre 1950 et 1958), et enfin du déséquilibre entre les pays, la Russie additionnant les excédents et ses partenaires les déficits. Finalement une seule solution était viable et fut appliquée : obliger tous les pays à instituer et rendre progressivement convertible leur devise nationale.[...]
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Écrit par
- Marie LAVIGNE : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau
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