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CÉLIBAT RELIGIEUX

La plupart des religions sont loin d'avoir prôné, voire même exigé, pour certains de leurs adeptes ou ministres, l'attitude qui consiste à renoncer définitivement au mariage et à toute activité d'ordre sexuel. En fait, un tel phénomène n'apparaît actuellement, de façon massive et significative, que dans le bouddhisme et le christianisme. Mais le célibat religieux dans ces deux religions revêt des caractères très différents ; par leur nature même, le mariage et la sexualité sont liés aux aspects les plus divers et les plus spécifiques d'une culture : social, économique, juridique, démographique, biologique, affectif. Quant à l'option ou l'obligation religieusement motivées du célibat, elles sont elles-mêmes liées aux aspects les plus spécifiques d'une religion, à son attitude à l'égard des réalités du monde, de l'homme, de la sexualité, mais aussi et plus encore à l'égard de Dieu, de la vie dans l'au-delà, de la communauté ecclésiale et ecclésiastique, du rôle des ministres et des prêtres. Culture extrême-orientale et culture occidentale d'une part, bouddhisme et christianisme d'autre part sont trop différents pour qu'il soit possible de les comparer trait par trait. On les étudiera séparément.

Dans le monde occidental et le christianisme, le célibat religieux apparaît de nos jours comme l'une des réalités les plus originales et les plus contestées du christianisme. Mais l'historien des cultures ou des religions sait qu'il est toujours apparu tel depuis ses origines : il a toujours été l'objet des controverses les plus vives. Ses promoteurs ou ses défenseurs comme ses détracteurs, croyants ou incroyants, y ont toujours vu, pour le meilleur ou pour le pire, une des institutions les plus spécifiques du christianisme.

Le christianisme

Originalité et vicissitudes

Des trois grandes religions qui ont dominé ou dominent encore la culture religieuse occidentale depuis l'ère gréco-romaine, le christianisme est la seule à le prôner ou à l'imposer : le judaïsme et l'islam ne l'imposent ni même ne le proposent à leurs ministres, et ils n'ont point connu la vie religieuse au sens strict. Mais dans le christianisme lui-même, la situation est très différente selon les Églises : l'Église catholique romaine l'exige de ses évêques, prêtres et diacres de rite latin (bien que le deuxième concile du Vatican ait permis d'ordonner diacres en certains cas des hommes mariés), mais non de ses prêtres de rite oriental ; en outre, elle le propose comme idéal de vie à un grand nombre de religieux et de religieuses. Les Églises protestantes, malgré leur extrême diversité, ne l'imposent ni ne le proposent à leurs évêques et ministres ; seules quelques-unes, qui sont d'ailleurs les plus proches de l'Église catholique romaine (l'Église anglicane, par exemple), connaissent une forme de vie religieuse comportant le célibat. Les Églises orthodoxes ont, sur ce point comme sur tous les autres, une discipline assez variée : elles l'exigent cependant toutes de leurs évêques, mais non de leurs prêtres (encore que le plus souvent elles ne permettent point de se marier, et encore moins de se remarier, après l'ordination) ; mais toutes connaissent et encouragent une vie religieuse comportant le célibat.

On voit qu'il faut distinguer le célibat sacerdotal, exigé ou non des ministres selon les différents degrés du sacerdoce (évêque, prêtre, diacre, sous-diacre) et le célibat religieux (au sens strict du mot) exigé de ceux et de celles qui se proposent de vivre la vie religieuse. Or, si diverses que soient ici les lois et les attitudes de chaque Église chrétienne, il faut noter que chacune voit dans les siennes un élément fondamental de son originalité d'Église, en même temps qu'un signe privilégié[...]

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme
  • : dominicain, théologien, ancien doyen de la faculté de théologie du Saulchoir

Classification

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