Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CELLULE Les mouvements

La locomotion cellulaire

La nage

Les cellules ont une taille qui va du micromètre pour une bactérie (ou cellule procaryote) à quelques dizaines de micromètres pour les cellules eucaryotes (dont l'ADN est isolé du cytoplasme par une enveloppe). Elles sont donc soumises à des contraintes physiques très différentes de celles que peuvent subir des organismes multicellulaires de grande taille : la viscosité de l'eau domine la physique de leur mouvement, alors que c'est l'inertie qui domine celle des organismes. Les cellules doivent, pour se déplacer, s'appuyer en permanence sur l'eau qui les entoure. Elles possèdent pour cela des structures spécialisées, les flagelles ou les cils, dont les mouvements sont entretenus par des mécanismes très différents selon qu'ils appartiennent à des bactéries (procaryote) ou à des cellules eucaryotes.

Les procaryotes

Nage des cellules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nage des cellules

Les bactéries sont si petites (1 micromètre de longueur) qu'elles sont soumises de manière violente à l'agitation thermique du milieu (mouvement brownien). Elles sont pourtant capables de se diriger vers des sources de nourriture ou d'éviter des conditions d'environnement adverses, en se déplaçant à la vitesse considérable, pour leur taille, de 20 à 30 micromètres par seconde. Le plus souvent, elles le font en utilisant des flagelles, qui fonctionnent comme une hélice de bateau. Dans la bactérie intestinale Escherichia coli, par exemple, chaque flagelle est un filament rigide de 14 millièmes de micromètres de diamètre et de 10 micromètres de longueur, qui tourne à la vitesse incroyable de quelque 200 tours par seconde grâce à un petit moteur rotatif inséré dans la membrane et la paroi de la cellule (fig. 2). Le flagelle ayant une forme d'hélice droite, sa rotation, dans le sens des aiguilles d'une montre lorsqu'on regarde de la bactérie vers le flagelle, produit une poussée sur le milieu qui entraîne le déplacement de la bactérie dans le sens opposé à la poussée. Les différents flagelles coopèrent pour produire un mouvement rectiligne de la bactérie, en formant une tresse unique compatible avec la forme en hélice droite des flagelles et avec leur rotation individuelle. Un tel mouvement dure de l'ordre de la seconde, après quoi la cellule change brutalement, et au hasard, de direction en pivotant sur place, grâce à une inversion du sens de rotation des flagelles, qui est incompatible avec le maintien d'une organisation des flagelles en une tresse unique produisant une traction. Une modification de la fréquence des changements de direction de la bactérie provoquée par les signaux de l'environnement auxquels elle est sensible lui permet de se diriger.

Certaines bactéries ont développé un moyen alternatif de déplacement très différent de la nage. Il s'agit des bactéries pathogènes, dont le développement dans l'organisme est intracellulaire. Ainsi, la bactérie responsable de la listériose (Listeria monocytogenes) est capable d'abandonner ses flagelles lorsqu'elle pénètre dans une cellule et d'utiliser à son profit les systèmes d'assemblages moléculaires de la cellule hôte pour traverser très rapidement, et envahir de proche en proche, les cellules de l'organisme, échappant ainsi à la surveillance immunitaire. En effet, grâce à certaines molécules qu'elle synthétise et expose à sa surface, cette bactérie peut gouverner l'assemblage de l'actine en microfilaments, formant une structure dite en queue de comète dans son sillage. Ce mécanisme est aujourd'hui l'objet de nombreuses études. Il est en effet un système modèle commode pour la compréhension des mécanismes d'assemblage qui sont à l'origine du mouvement de type amiboïde à l'avant des cellules eucaryotes : il peut être observé dans un extrait acellulaire et intéresse aussi bien les physiciens que les biologistes.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. (D.R.C.E.), chef d'équipe Biologie du cycle cellulaire et de la motilité
  • : docteur ès sciences

Classification

Médias

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes

Nage des cellules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nage des cellules

Chimiotaxie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chimiotaxie

Autres références

  • CELLULE, notion de

    • Écrit par
    • 1 315 mots

    Le terme cellule (cell en anglais) apparaît en 1665, sous la plume du physicien anglais Robert Hooke, pour désigner les logettes que l'on voit au microscope dans un fragment végétal inerte, le liège. En 1824, le biologiste français Henri Dutrochet, qui s'intéresse aux forces agissant au sein des...

  • COMMUNICATION CELLULAIRE

    • Écrit par
    • 6 596 mots
    • 7 médias

    La cellule est l'unité structurale et fonctionnelle de tous les êtres vivants, unicellulaires comme les bactéries et les levures, ou multicellulaires comme les plantes ou les animaux. Les organismes multicellulaires possèdent jusqu’à plusieurs centaines de types cellulaires différents, le...

  • MITOSE

    • Écrit par
    • 6 519 mots
    • 5 médias

    L'aphorisme omnis cellula e cellula (« toute cellule est issue d'une autre cellule ») a permis aux biologistes de comprendre que, au cours des générations cellulaires successives, la transmission de l'information génétique obéissait à des mécanismes d'une grande précision....

  • ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

    • Écrit par , , et
    • 10 074 mots
    • 10 médias
    D'où le formidable intérêt pour la cellule de posséder un ADN circulaire fermé : le nombre de liens topologiques L entre les deux brins y est différent de zéro. Si, donc, la cellule dispose d'un moyen de réguler la valeur de L, elle pourra du même coup (L = T + W) fixer la valeur de...
  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    Lorsqu'unanimal pluricellulaire atteint l'état adulte, la majorité de ses cellules sont spécialisées. Elles sont physiologiquement et morphologiquement différenciées ; elles constituent les tissus et les organes dont cet animal a besoin pour survivre : elles forment ce que l'on appelle le ...
  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par et
    • 9 550 mots
    • 8 médias
    Depuis de nombreuses décennies – la première mise en culture au long terme de cellules animales remonte à 1912 –, les scientifiques utilisent en routine des lignées cellulaires, cellules dites « immortelles », leur culture – division cellulaire in vitro – pouvant s’effectuer indéfiniment tant qu’elles...
  • Afficher les 139 références