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CELSE, lat. AULUS CORNELIUS CELSUS (Ier s.?)

Le premier livre médical imprimé en latin fut un texte complètement inconnu peu avant la découverte de l'imprimerie, le De medicina libri VIII de Celse ; il venait d'être découvert dans les archives de l'église Saint-Ambroise de Milan par le futur pape Nicolas V qui comprit la valeur de l'ouvrage.

Ce livre, publié d'abord à Florence en 1478, connaît de nombreuses rééditions et influence profondément la médecine de la Renaissance.

Les commentateurs se sont aussitôt penchés sur l'auteur et, jusqu'à nos jours, n'ont pas réussi à élucider le mystère de sa vie : Est-il né à Rome ou à Vérone ? A-t-il vécu sous Auguste, sous Tibère ou bien sous Caligula ? Fut-il ou non médecin ? Ce dernier point a suscité de nombreuses controverses ; est-il possible, en effet, que l'auteur si érudit du De medicina soit un profane ?

Pourtant aucun médecin ne le cite ; en revanche, d'autres auteurs de son époque parlent avec admiration de son ouvrage sur l'agriculture, d'un autre consacré à la rhétorique et d'un troisième traitant de l'art militaire, sans pour autant le qualifier d'agronome, d'orateur ou de soldat.

Les historiens modernes voient en Celse le parfait encyclopédiste latin, soucieux de connaître et de comprendre toutes les sciences de son temps, et, si seul son traité de médecine a traversé les siècles, d'autres sciences ont tout autant nourri la pensée de cet érudit.

Dans son De medicina, l'auteur classe les maladies non d'après leurs causes, mais d'après les moyens de les guérir ; il obtient ainsi trois catégories : la première rassemble les maladies curables par la diététique et l'hygiène ; la deuxième, celles qui sont sensibles aux médicaments ; la troisième est consacrée à la chirurgie.

Sa longue et minutieuse étude d'une centaine d'auteurs depuis Hippocrate n'aboutit pas à une froide série de citations ; sans avoir cependant l'expérience du clinicien, Celse a réfléchi sur chaque matière et, dans un latin parfait, qui est encore la base de la terminologie médicale et qui lui vaudra le surnom de Cicéron de la médecine, il indique sa propre pensée, sa propre critique ; là intervient le génie de Celse : « Je pense que la médecine doit être rationnelle », écrit-il dans sa préface. Son raisonnement a su embrasser et maîtriser les connaissances médicales des quatre siècles précédents, tant officielles qu'empiriques, tant occidentales qu'orientales, et en donner un jugement personnel.

En outre, cette étude, par l'étendue des auteurs cités, résume la médecine depuis Hippocrate jusqu'à Auguste et en montre les progrès. Ses deux chapitres sur la chirurgie sont célèbres car, s'il donne une énumération commentée des interventions pratiquées en son temps, il discute aussi la greffe en chirurgie plastique ; il donne des précisions sur l'opération de la cataracte et décrit environ cinquante instruments chirurgicaux, dont le musée de Naples conserve des exemplaires trouvés à Pompéi.

Le De medicina s'ouvre sur une longue préface qui est la première étude d'histoire de la médecine connue ; considérant l'histoire des sciences médicales depuis la création de la médecine, qu'il attribue à Esculape, Celse en discute, en historien, l'évolution philosophique et pratique à Rome, en Grèce et en Orient.

La Renaissance italienne fit de nombreuses éditions commentées de l'œuvre de Celse, que Fabrice d'Acquapendente recommandait de « lire jour et nuit ».

— Jacqueline BROSSOLLET

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