- 1. La formation de la culture laténienne (vers 475-vers 390 av. J.-C.)
- 2. Le temps de l'expansion (vers 390-vers 250 avant J.-C.)
- 3. Les mutations du IIIe siècle
- 4. Vers une urbanisation pré-romaine : la culture des oppida(IIe-Ier siècle av. J.-C.)
- 5. La romanisation et la fin du monde celtique
- 6. Religion celtique
- 7. Langues celtiques
- 8. Littératures celtiques
- 9. Bibliographie
CELTES
Le temps de l'expansion (vers 390-vers 250 avant J.-C.)
Les déplacements de peuples
Conflits armés et déplacements de populations ont sans doute existé dans le domaine nord-alpin avant le ive siècle. Tite-Live signale même de grandes expéditions lancées vers 600 avant J.-C., au moment de la fondation de Marseille et du règne de Tarquin l'Ancien à Rome, par le roi des Bituriges, Ambigat, et menées par ses neveux Ségovèse, vers la forêt hercynienne, et Bellovèse, vers l'Italie du Nord. Elles regroupaient des contingents importants, recrutés, d'après l'auteur latin, chez plusieurs peuples de la Gaule centrale et placés sous un commandement unique. Elles étaient peut-être les manifestations les plus spectaculaires d'un type de déplacement qui entrait dans le fonctionnement régulier des sociétés transalpines de l'Âge du fer.
Mais le récit de cette première migration gauloise relève sans doute autant de la légende que de l'histoire. Ce n'est en fait qu'à partir du début du ive siècle, et jusque dans la première moitié du iiie siècle avant J.-C., que les indices historiques et archéologiques de mouvements de populations transalpines à travers toute l'Europe deviennent nombreux et précis. Est-ce là le signe d'un changement historique majeur, lié à une « expansion celtique » généralisée au-delà des limites traditionnelles du domaine nord-alpin ? Ou bien cela ne révèle-t-il pas simplement notre grande ignorance des conflits armés protohistoriques, dont l'écho ne nous parvient que lorsqu'ils concernent les sociétés historiques méditerranéennes ?
Vers l'Italie septentrionale et centrale
Le cas le mieux connu est celui de l'Italie septentrionale et centrale. D'après Tite-Live, qui reprend des traditions historiques grecques et latines des iiie et iie siècles avant J.-C., plusieurs vagues de Gaulois passent les Alpes, probablement dans la première décennie du ive siècle. Parmi eux, les Boïens, qui occupent le cœur de l'ancienne Étrurie padane, et les Sénons, qui poussent jusqu'aux rives de l'Adriatique. Vers 390 avant J.-C., une armée menée par les Sénons s'attaque à la ville étrusque de Chiusi puis se dirige vers Rome, dont elle défait l'armée, et investit la cité, à l'exception du Capitole. Après leur défaite face aux forces réunies par Camille, les Gaulois retournent vers le nord. Dans les décennies qui suivent, des troupes gauloises continuent à effectuer des opérations de pillage en Italie centrale et à intervenir contre Rome ou contre l'Étrurie.
Du Danube à l'Asie Mineure
L'autre grande direction de l'expansion des peuples nord-alpins concerne la moyenne vallée du Danube et le nord des Balkans, au ive siècle et dans la première moitié du iiie siècle avant J.-C. Elle est connue par les récits anciens et par la documentation archéologique. Les nécropoles de type laténien se multiplient alors dans une zone qui devient la Celtique orientale. Dans les premières décennies du iiie siècle, les assauts celtiques se prolongent vers le sud. En 280 avant J.-C., les Celtes obtiennent plusieurs succès en Thrace, en Macédoine et en Illyrie. L'année suivante, une troupe conduite par Brennos atteint la Grèce et se dirige vers le sanctuaire de Delphes, qu'elle pille peut-être avant d'être définitivement défaite. Une partie de l'armée s'installe au retour au sud du Danube, dans ce qui devient le territoire des Scordisques. Un autre groupe fonde le royaume de Tylis en Bulgarie. Quelque vingt mille hommes se dirigent enfin vers l'Asie Mineure où ils participent, comme mercenaires, aux guerres civiles en Bithynie puis s'installent en Phrygie. Ils développent là une société entièrement coupée du domaine des Celtes d'Europe. Pendant tout le iiie et la première moitié[...]
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Écrit par
- Christian-Joseph GUYONVARC'H : professeur de celtique à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
- Pierre-Yves LAMBERT : agrégé de grammaire, docteur d'État, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Stéphane VERGER : directeur des études pour l'Antiquité à l'École française de Rome
Classification
Médias
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