- 1. La formation de la culture laténienne (vers 475-vers 390 av. J.-C.)
- 2. Le temps de l'expansion (vers 390-vers 250 avant J.-C.)
- 3. Les mutations du IIIe siècle
- 4. Vers une urbanisation pré-romaine : la culture des oppida(IIe-Ier siècle av. J.-C.)
- 5. La romanisation et la fin du monde celtique
- 6. Religion celtique
- 7. Langues celtiques
- 8. Littératures celtiques
- 9. Bibliographie
CELTES
Les mutations du IIIe siècle
Les Celtes face au modèle méditerranéen
Les contacts réguliers et directs avec les sociétés méditerranéennes ont également eu de profondes répercussions sur la culture et la société laténiennes. La rapidité de diffusion de certaines innovations à l'intérieur du grand domaine laténien montre combien les déplacements d'individus et de peuples comptent dans l'histoire des Celtes. On suppose ainsi que le va-et-vient constant de mercenaires entre leur pays d'origine et les champs de bataille méridionaux permet l'introduction de la monnaie, dans le dernier quart du ive ou au début du iiie siècle. Les troupes sont payées en pièces d'or que les commandants rapportent parfois au pays, où elles servent pour les transactions les plus importantes et les largesses aristocratiques. Dès le iiie siècle, ces monnaies sont épisodiquement copiées par des artisans laténiens. Ceux-ci prennent pour modèles les monnaies des cités et des royaumes qui entretiennent des troupes étrangères, comme les statères macédoniens de Philippe II, qui sont largement diffusés dans tout le domaine laténien et reproduits notamment en Gaule centrale, chez les Arvernes. Les graveurs de coins en modifient les images en fonction de leur propre culture graphique, au point que les prototypes sont rapidement méconnaissables.
Pourtant, dans le domaine laténien nord-alpin, la culture « celtique » se définit avant tout en réaction par rapport aux cultures méditerranéennes auxquelles elle a été confrontée et dont elle n'accepte certains traits qu'après les avoir modifiés. D'abord, les Celtes n'utilisent pas l'écriture. Quoique, dès le vie siècle, ils en aient connu l'existence, par l'intermédiaire de la culture de Golasecca, ils ne l'adoptèrent jamais que dans des contextes très périphériques à partir du iiie siècle et, tardivement, au ier siècle avant J.-C., dans les milieux précocement romanisés de Gaule centrale. Il n'y eut d'ailleurs jamais d'alphabet laténien et les rares inscriptions pré-romaines en langues celtiques empruntent toujours des alphabets étrangers non transformés : l'alphabet grec utilisé à Marseille dans les inscriptions gallo-grecques du midi de la Gaule, à partir de la fin du iiie siècle ; l'écriture lépontique dérivée de l'alphabet étrusque dans les inscriptions gallo-étrusques de l'Italie du Nord-Ouest, aux iie et ier siècles avant J.-C. Les inscriptions sont courtes et peu diversifiées : elles se trouvent sur des stèles funéraires, sur des bornes de délimitation des espaces sacrés ou sur des monuments cultuels.
Des productions artisanales originales
L'artisanat laténien se nourrit certes d'innovations techniques originaires du domaine méditerranéen, comme l'usage du tour pour la fabrication des céramiques. Pourtant, c'est aussi pendant cette phase de développement, au iiie siècle avant J.-C., que les productions laténiennes atteignent le plus grand degré d'originalité. La documentation archéologique nous révèle surtout l'univers très riche des armuriers. À partir de modèles d'armes déjà élaborés au ve siècle, ils améliorent les équipements militaires et les adaptent à un mode de combat résolument laténien. Leurs efforts se portent tout particulièrement sur l'épée et sur le système de fixation du fourreau à la ceinture. Tout est fait pour accroître la légèreté de l'équipement, la mobilité du fantassin, et pour faciliter sa course sur le champ de bataille.
De nouvelles spécialités artisanales se développent, comme la fabrication de perles et de bracelets en verre coloré. Les matières précieuses importées, de Méditerranée comme le corail, ou d'Europe du Nord, comme l'ambre, sont remplacées par des matériaux artificiels produits sur place. C'est alors[...]
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Écrit par
- Christian-Joseph GUYONVARC'H : professeur de celtique à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
- Pierre-Yves LAMBERT : agrégé de grammaire, docteur d'État, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Stéphane VERGER : directeur des études pour l'Antiquité à l'École française de Rome
Classification
Médias
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