CÉNOZOÏQUE
Impacts d'objets extraterrestres
La découverte d'un enrichissement exceptionnel en iridium dans une couche d'argile très fine au contact des strates crétacées et paléogènes affleurant près de Gubbio (Italie) a alerté la communauté scientifique sur des relations possibles entre des catastrophes terrestres, comme les extinctions en masse, et des collisions entre la Terre et des objets extraterrestres. Toute jeune, la Terre a subi un bombardement intense de météorites et de comètes qui s'est atténué depuis sans cesser pour autant. Par exemple, le Meteor Crater (1,2 km de diamètre ; ~ 50 000 ans) en Arizona (États-Unis), l'astroblème de Rochechouart (20 km de diamètre ; 160 ± 5 Ma) en France, et celui de Manicouagan (70 km de diamètre ; ~ 210 Ma) au Canada sont des témoins de collisions importantes ayant eu lieu durant le Phanérozoïque. Ailleurs dans le système solaire, la collision entre la comète Shoemaker-Levy 9 et Jupiter, en 1994, a reçu une attention particulière de la part des scientifiques. De telles collisions laissent différents témoins possibles : astroblèmes (cratères d'impact), strates sédimentaires anormalement enrichies en éléments rares dans l'écorce terrestre mais abondants dans les objets extraterrestres (par exemple l'iridium, un élément très stable du groupe du platine), tectites et microtectites (perles de verre naturel résultant de la fusion de roches terrestres sous l'effet des pressions et températures considérables libérées par l'impact d'une grande météorite).
Au moins neuf collisions importantes se sont produites durant le Cénozoïque (tabl. 2). Il est maintenant bien établi qu'une météorite ou une comète a percuté la Terre il y a environ 65,5 millions d'années, formant un cratère d'au moins 180 kilomètres de diamètre. Ce dernier, troisième des plus grands cratères d'impact connus de tous les temps, est celui de Chicxulub sur la péninsule du Yucatan (Mexique). L'enrichissement en iridium, mesuré sur plusieurs sites où la limite Crétacé/Paléogène affleure, est remarquablement élevé (6 parties par milliard [ppb], à comparer au 0,4 ppb pour la croûte terrestre) et des tectites sont présentes dans plusieurs localités. Le diamètre du bolide est estimé à 10 km et l'énergie libérée à 100 teratonnes de T.N.T. (soit plusieurs milliards de fois la puissance de l'explosion nucléaire sur Hiroshima en 1945). Les conséquences atmosphériques (poussières atmosphériques, gaz nocifs et acides), sismiques (tremblements de terre, tsunamis géants ; glissements de terrain massifs), climatiques (refroidissement ou effet de serre) et biologiques (altération des fonctions photosynthétiques des plantes plongées dans une obscurité maintenue sur des décennies) sont très discutées. Cet événement a été avancé pour expliquer les extinctions massives qui ont eu lieu à la fin du Crétacé (cf. extinctions biologiques).
Beaucoup plus modestes sont les astroblèmes de Montagnais (Canada), Kamensk (Russie), Mistatin (Labrador, Canada), Ries (Allemagne) et Kara-kul (Tadjikistan) qui ont un diamètre compris entre 24 et 52 kilomètres (tabl. 2). La majorité des astroblèmes d'âge cénozoïque sont toutefois beaucoup plus petits (quelques kilomètres de diamètre). Certains, comme celui de Montagnais, sont remplis de sédiments marins, ce qui permet de dater l'impact et d'estimer ses conséquences à l'échelle régionale, voire globale. D'autres, comme l'astroblème de Kara-Kul au Tadjikistan (situé à plus de 3 900 m d'altitude, occupé par un lac et identifié comme tel grâce aux photographies prises de l'espace) et celui de Kamensk dans l'Oural (enfoui sous des sédiments) sont très mal connus.
Deux astroblèmes retiennent actuellement l'attention : le Popigai (Sibérie, 100[...]
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Écrit par
- Marie-Pierre AUBRY : professeur à Rutgers University, New Brunswick, New Jersey (États-Unis)
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