CÉNOZOÏQUE
La vie durant le Cénozoïque
On doit reconnaître que toutes les grandes innovations biologiques qui ont engendré la biodiversité actuelle se sont produites soit durant le Paléozoïque (voire encore plus tôt) pour les animaux invertébrés et les plantes sans fleurs, soit durant le Mésozoïque pour les vertébrés et les plantes à fleurs. Le Cénozoïque est, quant à lui, une ère de spécialisations qui s'opèrent sur des groupes déjà bien établis et ayant survécu à l'extinction en masse de la limite Crétacé/Paléogène (aussi dite Crétacé/Tertiaire) (fig. 4 et 5). Le nombre de ces groupes est très restreint par rapport au Mésozoïque. En effet, les grands groupes qui avaient dominé tous les écosystèmes durant le Mésozoïque (certains pendant plus de 150 millions d'années) comme les dinosaures, plésiosaures, ptérosaures pour les vertébrés, ou encore les ammonites, inocérames et rudistes pour les invertébrés, s'éteignirent à la fin du Crétacé (fig. 2). Moins connus, de grands groupes du plancton calcaire océanique, qui avaient massivement contribué à la sédimentation des craies et calcaires pélagiques, disparurent également. Cette extinction massive reste l'objet de nombreuses discussions (cf. extinctions biologiques). Aujourd'hui, il est généralement admis qu'elle est liée à la collision d'une énorme météorite avec la Terre. Toutefois, il est difficile de distinguer les effets d'une telle collision de ceux d'un volcanisme contemporain abondant lié à la mise en place des trapps du Deccan (Inde). Ce volcanisme très actif aurait pu aussi contribuer à acidifier l'atmosphère, obscurcir le soleil et modifier le cycle du carbone. Le côté bénéfique de ces découvertes a été de sensibiliser les sociétés humaines aux risques associés à des explosions de grande puissance. Ainsi, l'étude de la limite Crétacé/Paléogène a débouché sur le concept d'hiver nucléaire et sa modélisation.
Au tout début du Paléocène, les vertébrés terrestres comprenaient donc, outre les reptiles et amphibiens, des oiseaux et des mammifères. Les oiseaux (classe Aves) étaient apparus durant le Jurassique et les mammifères (classe Mammalia) au Trias récent (un peu après les dinosaures), ayant évolué à partir des reptiles mammaliens qui vécurent du Carbonifère récent au Trias récent. Les océans n'étaient peuplés ni de grands reptiles (qui venaient de s'éteindre), ni de mammifères marins (qui n'avaient pas encore évolué). Le plancton calcaire, largement décimé à 65,5 Ma, comprenait seulement quelques petites espèces à test simple. Au tout début du Cénozoïque, la productivité de cet océan, riche en nutriments (en raison de la mortalité en masse qui venait de se produire) mais dépeuplé, était anormalement faible. On donne à cet océan presque sans vie le nom de Strangelove Ocean.
La radiation du Paléocène
C'est le plancton calcaire qui nous renseigne le mieux sur l'histoire de la diversité océanique durant le Cénozoïque. En effet, les tests (foraminifères planctoniques comme les Globigérines) et les plaques calcaires (coccolithes des coccolithophoridées comme chez Emiliania huxleyi et Coccolithus pelagicus) qu'il sécrète s'accumulent aux fonds des océans où ils sont conservés sous forme de sédiments (boues calcaires). Le Strangelove Ocean n'a pas duré longtemps, moins de 500 000 ans. Toutefois, il a fallu 4 ou 5 millions d'années pour que les groupes planctoniques nouvellement évolués commencent à se diversifier. La première radiation planctonique s'est produite vers 61 Ma. Dès lors, la diversité planctonique n'a fait qu'augmenter jusqu'à la première des catastrophes biologiques, à 55,5 Ma.
Pendant ce temps, une diversification mammalienne de grande ampleur s'opérait sur les continents. Ce[...]
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Écrit par
- Marie-Pierre AUBRY : professeur à Rutgers University, New Brunswick, New Jersey (États-Unis)
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