CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU
L'expérience du Centre
On peut distinguer dans l'histoire de l'institution trois époques : celle du lancement (1977-1981), et d'expérimentations où prédomine le modèle – historique – de l'actualité ; celle d'une activité ponctuée de réaménagements (1981-1997), où sont valorisés le lieu muséal et le temps long de la collection ; enfin l'époque qui s'amorce en 1997, mais se dessine pleinement avec la réouverture de 2000, le Centre affirmant une stratégie d'entreprise publique de la culture sur une scène diversifiée, en tentant de maintenir en tension logique événementielle et logique de la transmission.
Marquée par la série des expositions Paris-New York (1977), Paris-Berlin (1978) et Paris-Moscou (1979), impulsées par le musée, mais auxquelles concourent activement la B.P.I. (Bibliothèque publique d'information) et l'I.R.C.A.M., la programmation des expositions qui lancent le Centre met en œuvre la pluridisciplinarité et l'ouverture internationale. Le grand public acquiert ainsi des repères historiques, dont le moindre n'est pas l'exposition inaugurale consacrée, du 31 janvier au 2 mai 1977, par Pontus Hulten à Marcel Duchamp. L'accrochage innovant des collections, qui comporte quatre possibilités de circuits, diversifie les expériences des visiteurs. Parallèlement, dans les galeries contemporaines, est présentée la création récente, tandis que dans le forum est menée une politique d'événements artistiques participatifs, dont le Crocrodrome, réalisé en 1977 par Tinguely, Luginbühl, Spoerri et Niki de Saint-Phalle demeurera l'emblème. Le C.C.I., pour sa part, organise des expositions d'architecture et de design et sensibilise le public aux questions de société, notamment à travers la revue Traverses.
Les réaménagements des espaces du Centre, en 1985, puis de nouveau de 1997 à 1999, traduisent dans les faits la modification des rapports de force et des conceptions des équipes dirigeantes. Ainsi, en ce qui concerne le M.N.A.M., Dominique Bozo, directeur du musée de 1981 à 1986, puis président du C.N.A.C. de 1991 à sa mort, en 1993, incarne l'idée d'un retour aux missions premières du musée, telles que l'enrichissement de la collection ou un accrochage par écoles, que solennise l'architecture intérieure de Gae Aulenti. Même si l'on observe la persistance d'expositions pluridisciplinaires (telle Vienne 1880-1938 : Naissance d'un siècle, en 1986) et thématiques, malgré l'exposition majeure du C.C.I., Les Immatériaux (1985), qui aura de multiples répercussions, malgré la dialectique qui s'instaure entre la présentation de la scène internationale (Magiciens de la terre, 1989) et celle de la scène française (notamment Made in France 1947-1997 : 50 ans de création en France, 1997), l'exposition monographique fait alors un retour en force. La fusion du M.N.A.M. avec le C.C.I., en 1992, s'inscrit dans une perspective de renforcement de l'activité du musée, qui se dote d'une collection de design et d'architecture et commence une prospection systématique en matière de nouveaux médias. Outre cette fusion, la réforme administrative de 1992 permet la création d'une nouvelle entité, le Département du développement culturel (D.D.C.). Il répond dans un premier temps à une tentative de rationalisation, centralisant les activités d'accompagnement du public, y compris l'édition, avant de se métamorphoser, dans un second temps, en une sorte de centre culturel au sein du Centre, regroupant cinéma, Revues parlées et spectacle vivant. Le problème qu'avait fait émerger le rapport Bozo, qui prépare le décret de 1992, est celui du pouvoir du président du Centre : simple administrateur ou véritable pilote ? Une nouvelle réforme, en 2000, donne définitivement au président la pleine responsabilité de la programmation, en concertation avec les[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernadette DUFRÊNE : maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, université Pierre-Mendès-France, Grenoble
Classification
Média
Autres références
-
ARCHITECTURE ET DESIGN AU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, PARIS
- Écrit par Claude MASSU
- 1 877 mots
Depuis son inauguration en 1977, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou a joué un grand rôle, tant en France qu'à l'étranger, dans le domaine des expositions d' architecture et de design. Cependant, la fonction et le sens de ces manifestations ont connu des...
-
AULENTI GAE (1927-2012)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Roger-Henri GUERRAND
- 1 272 mots
- 2 médias
C'est la même solution que Gae Aulenti a appliquée dans la restructuration du Musée national d'art moderne abrité au Centre Georges-Pompidou (1982-1985) : les collections du musée, de plus en plus riches, « flottaient » littéralement dans un espace trop flexible. L'architecte a donc recréé de vraies... -
BIBLIOTHÈQUES
- Écrit par Henri-Jean MARTIN
- 8 931 mots
- 3 médias
...650 000 mètres carrés. Enfin, tandis que la Ville de Paris entreprenait de moderniser et de développer depuis 1960 son réseau de bibliothèques de prêt, l'État créait dans la capitale, au Centre Georges-Pompidou, la Bibliothèque publique d'information (1977). Consacrant de façon spectaculaire le principe... -
BOZO DOMINIQUE (1935-1993)
- Écrit par Yve-Alain BOIS
- 895 mots
L'historien d'art Dominique Bozo a changé le paysage de l'art moderne et contemporain en France. C'est à lui que l'on doit la réussite du musée Picasso ; c'est à ses efforts que l'on doit la transformation d'un Musée national d'art moderne vieillot et frileux en l'un des...
-
CENTRE POMPIDOU-METZ
- Écrit par Philippe PIGUET
- 865 mots
- 1 média
Trente-trois ans après sa création, le Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou a inauguré à Metz, en 2010, un nouveau lieu d'expositions. Dénommé Centre Pompidou-Metz, il constitue une des premières expériences de décentralisation en région d'un établissement...
- Afficher les 16 références