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CERA ou CHERA LES (VIIIe s.)

Nom antique du Kerala et des premières dynasties ayant régné sur cette province de l'Inde, appelée aussi Malabār. C'était l'une des composantes du Trairajiya, c'est-à-dire des « trois-royaumes » tamouls. À la différence des deux autres royaumes, ceux des Cōla et des Pandya, situés sur la façade orientale de l'extrémité de la péninsule, le pays des Cera (ou Chera) ou des fils des Cera (Keralaputra) est la côte de la mer arabe, de l'autre côté des monts dits des Cardamomes. C'est donc de la racine dravidienne « Malei », signifiant montagne, que dérivent les autres désignations ayant trait à cette région : le malayālam pour la langue, les Malayālis pour les habitants et le Malabār pour le pays. Le parler malayālam, longtemps considéré comme simple dialecte tamoul, s'est séparé tardivement (xiiie s.) de la langue restée commune aux pays pandya et chola. Mais les Malayālis, isolés des Tamouls par un obstacle montagneux important, vivent dans un monde très différent de leurs frères de l'Est ; étroite plaine humide, exposée au vent de la mousson, naguère recouverte par la forêt dense équatoriale qui recouvre encore les pentes voisines, elle est aujourd'hui semée de cocotiers bordant les rizières inondées. Le particularisme malayāli est assez vif pour que le Kerala se soit constitué en unité très distincte du pays tamoul, ou Tamilnadu au sens étroit, alors qu'il était inclus dans le Dravida, ou pays tamoul au sens large. Au iie siècle apparaît la première dynastie cera connue, qui, pour battre les Cōla, s'allie aux Pandya, mais semble finalement avoir été éclipsée par ces derniers. Le pays cera subit parallèlement l'hégémonie des Pallava (iiie-ixe s.) du nord du pays tamoul, puis celle des Cōla, qui, sous Rajaraja-Deva le Grand, conquièrent le Kerala (990) comme la plus grande partie du Deccan ; après le déclin des Cōla (xiiie s.), le pays cera subit une nouvelle domination pandya. Au xive siècle, la résistance des rājas cera dégage le pays des Pandya, tout en essayant de le maintenir à l'abri de l'hégémonie musulmane qui submerge le Deccan. Mais la côte de Malabār a subi depuis des siècles l'influence du Proche-Orient : les courants commerciaux maritimes ont véhiculé aussi le judaïsme, le christianisme et l'islam. Les deux premières religions se sont plutôt implantées dans le sud du Kerala et la dernière dans le Nord. C'est dans cette région qu'avec l'affaiblissement du sultanat de Delhi s'affirmera le pouvoir indépendant d'un gouverneur du « Ma'bar », dont les descendants, établis à Calicut, seront connus sous le titre de zamorin. C'est avec lui que devront compter les Portugais, qui circonviennent beaucoup mieux les petits rājas hindous du Sud, héritiers des Cera. Ces derniers vivoteront jusqu'au xxe siècle à la tête des petits États princiers de Travancore et de Cochin, vassaux de l'Empire britannique.

— Roland BRETON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, maître assistant à l'université d'Aix-Marseille

Classification

Autres références

  • TAMOULES LANGUE & LITTÉRATURE

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    • 3 280 mots
    ...défaut de mentionner l'académie, témoignent d'une activité littéraire compétitive très consciente de ses conventions. Cette activité se poursuit à la cour de chacun des trois royaumes,Cera, Cola et Pāndya, et des principautés rivales qui constituent le pays tamoul au début de l'ère chrétienne.