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GALLO-ROMAINE CÉRAMIQUE SIGILLÉE

À toutes les époques, les potiers se sont installés dans des régions riches en argile, en eau et en bois. À certains moments, les ateliers ont pu se trouver disséminés en de nombreuses unités de production. À d'autres, ils ont pu se trouver regroupés à proximité des agglomérations qu'ils étaient chargés de fournir. Mais, à l'extrême fin de l'époque gauloise et à l'époque gallo-romaine (~ ier-ive s.), les artisans potiers se sont retrouvés dans des secteurs géographiques bien déterminés, dans des ateliers regroupés en officines. Ce phénomène, apparu à la fin de l'indépendance, et qui se développa au ier siècle, doit être expliqué par deux raisons principales : d'abord, la céramique de bonne qualité, bien cuite et bien décorée, est un produit de haut niveau technique, qui réclame un assez long apprentissage et des méthodes de travail rigoureuses. Ensuite, l'influence culturelle de l'Italie, dès avant la conquête et à plus forte raison dans la civilisation gallo-romaine, impose le goût de la pièce « standard », fabriquée selon des normes bien établies jusque dans le décor : la céramique à l'époque gallo-romaine obéit aux lois de la mode, où l'on fabrique quantité d'exemplaires d'un modèle, jusqu'à ce qu'un autre le supplante. Des ateliers fabriquent la céramique commune, très bien cuite, en pâte généralement grise ou blanche, parfois décorée. On ne saurait appeler céramique commune des vases à pâte très fine, quelquefois engobés, produits par de grands ateliers. On restreint toutefois le terme d'officines céramiques, à l'époque gallo-romaine, aux centres de production de céramique sigillée. Celle-ci est une céramique de pâte très fine, décorée au moule et cuite à très haute température, recouverte d'un engobe généralement rouge. Les premières officines sont situées dans des endroits qui avaient produit de la céramique gauloise de luxe : La Graufesenque, Montans, puis Banassac (dans le midi de la Gaule). La sigillée qui y est produite s'inspire encore beaucoup à ses débuts de la céramique dite arétine, fabriquée à Arezzo et à Pouzzoles. Mais, au cours du ier siècle, les modèles gaulois supplantent les modèles italiens. Une véritable industrie de série s'élabore. Le décor des vases est alors essentiellement à base de motifs floraux. À la fin du ier siècle, les grands centres de production se déplacent vers le Massif central. Lezoux est le plus important. Vers 120, les officines méridionales disparaissent devant la concurrence de Lezoux. Par contre, des officines s'installent aux Martres-de-Veyre, à Vichy, à Lubié, à Gueugnon. Le iie siècle est la grande époque de la sigillée. Les formes sont bien définies. Les décors floraux et géométriques se mêlent à des représentations humaines et animales, selon des principes de composition extrêmement stricts. Les températures de cuisson obtenues sont étonnamment élevées. Lezoux et les ateliers du Centre exportent non seulement en Gaule, mais dans tout l'Empire romain et parfois au-delà du limes. Toutefois, dès le iie siècle, des officines s'installent dans le nord-est de la Gaule : dans l'Yonne, mais surtout en Argonne et en Rhénanie. Leur production est de moins bonne qualité que celle des officines du Centre. D'abord destinée au marché local, elle est, au début du iiie siècle, largement exportée. D'ailleurs, les officines du centre de la Gaule disparaissent vers 250 ou 275, sans doute en raison des premières invasions barbares. La fin du iiie siècle marque une quasi-disparition des officines. Celles-ci réapparaissent pourtant au ive siècle dans la Gaule du Nord-Est. Mais la technique de travail est bien différente : si de nombreuses formes sigillées sont conservées, si la pâte est à peu près identique, l'engobe est[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée des Antiquités nationales, Saint Germain en Laye

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