CÉRAMIQUE
Aspects historiques
Poteries mates
Les débuts d'une fabrication céramique se situent vers la fin de l'époque néolithique. Son développement s'accuse à partir de l'âge du bronze. Il est confirmé par les nombreuses trouvailles faites dans les anciennes cités lacustres (lacs de Savoie, de Suisse, d'Italie et d'Allemagne), dans les cimetières des bords du Rhin comme dans les tumuli du sud de l'Angleterre et dans les sépultures affleurantes de la région de la Marne. Ce sont en majeure partie des vases funéraires ou religieux, de grandes urnes destinées à recevoir les cendres des corps incinérés, des vases d'offrandes, mais aussi des objets usuels tels que jarres à provisions, vases à boire, récipients pour le transport des liquides.
Le premier stade est celui de la terre cuite nue (poterie mate) qui, avant son durcissement, peut recevoir un décor : bourrelets obtenus par repoussement ou par pincement de la terre encore molle, application de boulettes d'argile ou ornements, tracés par enfoncement des doigts ou à l'ongle. D'après les dimensions des empreintes, il semble que ce travail était souvent exécuté par des mains féminines. Peu à peu apparaissent les décors gravés ou incisés et les peintures faites au moyen de terres délayées de tons opposés. Les recherches plastiques sont très précoces : statuettes religieuses et représentations humaines ou animales abondent.
Ces procédés primitifs se sont maintenus dans certaines régions du continent africain. En Amérique, à l'époque précolombienne, ils ont donné lieu à la création d'œuvres d'art très originales.
Poteries lustrées ou non, à décor peint ou en relief
Avec les civilisations crétoise et mycénienne, une poterie très remarquable, à décor géométrique, végétal ou animé, se développa au cours des trois derniers millénaires avant notre ère sur les rives de la mer Égée et dans le bassin oriental de la Méditerranée. Cette production annonce celle de la Grèce. La peinture des vases, successivement à figures noires et à figures rouges, atteignit son apogée en Attique, du viie au ive siècle ; on la rencontre ensuite en Italie centrale (Campanie, Apulie). On doit en outre aux civilisations helléniques une petite statuaire de terre cuite d'une rare perfection. Les Étrusques ont créé, aux environs du viiie siècle avant notre ère, une poterie à décor plastique, noircie dans sa masse, et, vers le iiie siècle, une fine poterie rouge décorée par impression de sceaux, connue sous le nom de poterie sigillée ou de poterie rouge d'Étrurie. De nombreux exemples de ces poteries, ainsi que des poinçons usagés, ont été livrés par les fouilles faites en Italie du Nord où Arezzo se révèle avoir été l'un des principaux centres de fabrication. Importées dans tout le monde romain, les poteries d'Étrurie furent bien souvent imitées, particulièrement en Gaule.
Poteries à couvertes, vernis ou émail
On doit aux pays du Moyen-Orient, qui possédaient une très ancienne science céramique, la découverte d'enduits tirés de substances naturelles pouvant assurer l'étanchéité du vase de terre cuite poreuse ou s'appliquer au décor architectural. Les premiers enduits, d'origine alcaline, et même les vernis de type plombeux cuisant à une température relativement basse, remonteraient à plusieurs millénaires avant l'ère chrétienne.
Les couvertes plombifères transparentes, teintées ou non, que le monde romain avait utilisées, devinrent la technique fondamentale de la poterie vernissée médiévale d'Occident. Au xvie siècle, le potier français, Bernard Palissy, réussit à les améliorer et à en enrichir considérablement la gamme colorée.
L'usage d'un émail opacifié par l'étain dont l'invention reviendrait aux Babyloniens se répandit. Il se prête tout particulièrement à recevoir un décor peint[...]
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Écrit par
- Marcelle BRUNET : bibliothécaire du musée de la Céramique, Sèvres
- Jeanne GIACOMOTTI : conservateur honoraire des Musées nationaux
- André PECKER
: rédacteur des
Cahiers de la céramique, du verre et des arts du feu
Classification
Médias
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