CÉRÉALES
Des modes de production de céréales très contrastés
Produire des céréales est l'un des plus vieux métiers du monde et le plus largement répandu sur notre planète compte tenu de la place qu'occupent les agriculteurs dans la population active des pays en développement.
L'éventail des techniques de production mises en œuvre demeure toutefois très large, depuis les plus archaïques jusqu'aux plus modernes. On distingue :
– Les céréalicultures faiblement productives pour lesquelles la force de travail est fournie par l'être humain lui-même. De 75 à 80 p. 100 des agriculteurs africains et de 40 à 60 p. 100 de ceux d'Amérique latine et d'Asie continuent en effet à travailler uniquement à l'aide d'outils manuels. Les rendements à l'hectare (de 5 à 10 quintaux) et par personne (de 5 à 10 quintaux également) ne peuvent se situer qu'à des niveaux très bas tant que les agriculteurs ne peuvent pas disposer des techniques de la « révolution verte » (cf. infra) et/ou de l'irrigation. Les récoltes demeurent en outre incertaines d'une année sur l'autre, dépendant des aléas climatiques et des attaques de maladies et/ou de parasites. L'essentiel de la production est destiné à la consommation du groupe familial. Ce sont donc essentiellement des céréalicultures vivrières ou de subsistance.
– Les céréalicultures moyennement productives pour lesquelles les agriculteurs disposent d'une traction animale permettant de travailler la terre à l'aide d'un araire ou de différents types de charrue. Les rendements à l'hectare peuvent demeurer faibles et irréguliers, mais aussi atteindre, dans certains cas, des niveaux plus élevés : de 20 à 25 quintaux pour les cultures non irriguées et de 50 à 60 quintaux pour les parcelles irriguées. Les rendements par personne sont plus élevés (de 100 à 200 q/unité de main-d'œuvre), permettant dans ces conditions de dégager de modestes surplus pour la commercialisation. La « révolution verte », fondée sur l'emploi de semences nettement plus productives et scientifiquement sélectionnées, sur l'utilisation d'engrais chimiques, de produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides) et, dans la majorité des cas, sur le recours à l'irrigation, constitue la condition nécessaire pour obtenir des rendements régulièrement supérieurs à 50 quintaux à l'hectare.
– Les céréalicultures hautement productives des pays industrialisés qui se caractérisent par un très large recours à la mécanisation et à la motorisation. Dans certains cas, les rendements à l'hectare demeurent relativement modestes, de l'ordre de 20 à 25 quintaux. Ainsi en va-t-il pour les cultures de blé dites « extensives » (mobilisant des superficies très étendues), pratiquées en Australie, dans la Prairie canadienne ou dans les Grandes Plaines des États-Unis. Mais dans le Corn Belt des États-Unis ou en Europe de l’Ouest, les rendements à l'hectare peuvent dépasser de 100 à 120 quintaux, en relation avec des précipitations plus abondantes ou avec la pratique de l’irrigation. De tels rendements impliquent bien entendu l'utilisation de tout le « paquet technique » de la « seconde révolution agricole » qui a été dans les pays industrialisés l’équivalent de la « révolution verte » dans les pays en développement. On parle alors de céréaliculture « intensive » par référence aux rendements élevés obtenus par hectare. Le trait commun à toutes ces céréalicultures motorisées et mécanisées est toutefois l'obtention de rendements par personne élevés, voire très élevés, comprises entre 5 000 et 20 000 quintaux par unité de main-d'œuvre. Ces rendements sont typiques des « greniers du monde », c'est-à-dire des régions qui alimentent le marché international des céréales.[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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