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CÉRÉALES

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Géopolitique des céréales

Pratiquement tous les États du monde sont amenés à s'intéresser à leurs productions nationales de grains, à l’alimentation de leurs populations et aux échanges de céréales. Ils le font de différentes façons.

Les politiques agricoles et alimentaires nationales

  Dans les pays en développement, il est courant qu'existent des subventions aux engrais (comme en Inde ou en Afrique du Nord) et que les producteurs bénéficient de prix garantis plus ou moins élevés selon les politiques agricoles établies. Parallèlement, la plupart de ces pays ont instauré, pour des raisons à la fois politiques et sociales, des subventions à la consommation de farine et de blé comme on peut le constater en Afrique du Nord. Le pain égyptien baladi est, grâce aux niveaux très élevés de subventions dont il bénéficie, le moins cher du monde – même si le gouvernement égyptien cherche à les réduire. De telles mesures sont souvent appelées à perdurer, la prévention de l’explosion d’émeutes de la faim étant un souci de tous les gouvernements.

Dans les pays riches, les aides à la production sont à la fois plus importantes et plus complexes. Aux États-Unis, depuis la loi agricole de 2014, les producteurs de céréales bénéficient de systèmes assurantiels de garanties des revenus très favorables, largement financés par l’État fédéral. Au Canada, les producteurs de blé continuent à être soutenus au travers de systèmes d'assurance revenu dans une large mesure également financés par le gouvernement fédéral et complétés par ceux des différentes provinces de la Prairie, même si une plus grande libéralisation de la commercialisation des grains a été mise en place depuis 2012.

Au sein de l’Union européenne, les subventions accordées aux céréaliers reposent principalement sur des aides directes versées à l’hectare, aides toutefois soumises à une écoconditionnalité, c’est-à-dire à la mise en œuvre de pratiques respectueuses de l’environnement.

Concernant les niveaux des aides apportées par les États à leurs producteurs – thème qui continue à faire débat dans les négociations internationales –, il apparaît que, malgré des modalités spécifiques de mise en œuvre, la valeur des soutiens des prix agricoles se situe désormais à des niveaux assez comparables dans les pays riches et dans les principaux pays émergents (dont la Chine).

L’aide alimentaire internationale

L'aide alimentaire distribuée à de nombreux pays en développement demeure très largement constituée par des expéditions de blé. Les deux principaux donateurs en ont été les États-Unis et l'Union européenne. La répartition géographique de ces aides apparaît largement liée, au-delà des aides distribuées dans les cas d'extrême urgence, à des considérations géostratégiques. Alors que l'aide des pays européens demeure très largement tournée vers leurs anciennes colonies, en particulier d'Afrique, celle des États-Unis s'appuie sur une vision géopolitique à la fois globale et flexible de l'ensemble de la planète. Utilisée, dans les années 1960, à l’époque de la guerre froide, pour bloquer l’expansion du monde communiste dans le cadre d’une stratégie d’endiguement (containment), l’aide alimentaire américaine a ensuite été mobilisée, dans les années 1980, pour aider à mieux contrôler les points de passage obligés des grandes routes maritimes du globe : canal de Panamá, détroits de Gibraltar et de Sicile, canal de Suez, détroits d’Ormuz et de Malacca… Puis, après avoir été largement dirigée, au début des années 1990, en direction des républiques périphériques de l’ex-URSS, lors de l’effondrement de cette dernière, elle est désormais largement orientée vers l’Afrique orientale (Soudan, Éthiopie…) afin d’y contrer l’influence chinoise, ainsi que vers le [...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France

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Médias

Principales céréales - crédits : (Photoongraphy ; Nitr ; ABCDstock ; Nitr ; VIS Fine Art ; Alex99) / Shutterstock

Principales céréales

Blé (épis) - crédits : INRA DIST/ flickr ; CC-BY

Blé (épis)

Orge - crédits : G. Heilman Photography, Inc.

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