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CERVEAU ET ÉMOTION

L’étude des mécanismes cérébraux des émotions, chez l’homme et l’animal, a explosé au début du xxie siècle, après avoir été souvent ignorée par les neurosciences comparativement à d’autres processus mentaux ou comportementaux, notamment en raison d’une définition des émotions souvent centrée sur leurs composantes subjectives, donc essentiellement privées, et par conséquent difficiles à observer par des mesures neurobiologiques. La divergence des théories en psychologie a aussi compliqué une exploration expérimentale systématique fondée sur des modèles fonctionnels bien définis. Cependant, l’apparition de nouvelles technologies, comme la neuro-imagerie cérébrale fonctionnelle chez l’homme (résonance magnétique, IRM ; tomographie par émission de positrons, TEP…) ou des mesures d’activité neuronale chez l’animal (enregistrement et imagerie cellulaire, manipulation de l’activité synaptique, optogénétique, etc.), permet désormais de relier certains phénomènes affectifs ou le traitement d’information émotionnelle (parfois même inconscient) à des substrats neurobiologiques précis, venant compléter les approches plus traditionnelles qui reposent sur l’effet des lésions cérébrales, la stimulation électrique ou les manifestations cliniques de maladies psychiatriques.

Aires cérébrales spécialisées pour les émotions ?

Régions cérébrales impliquées dans les émotions - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régions cérébrales impliquées dans les émotions

Historiquement, un premier modèle neuro-anatomique proposé par James Papez (1883-1958) postulait que toutes les émotions dépendent de régions cérébrales « primitives », impliquant les fonctions végétatives et endocriniennes de l’hypothalamus et du tronc cérébral, sous le contrôle du cortex cingulaire à la surface médiale des hémisphères (appelé lobe limbique) et de ses connexions.

Le modèle « triunique » de Paul McLean (1913-2007) proposait de distinguer trois systèmes apparus progressivement au cours de l’évolution :

– le complexe « reptilien » centré sur des noyaux sous-corticaux (hypothalamus, tronc cérébral, ganglions de la base), responsables de réflexes instinctifs et de comportements primitifs (défense, agression) ;

– le complexe « limbique » regroupant des aires corticales « anciennes » propres aux mammifères (paléomammalien), contrôlant des fonctions motivationnelles et sociales, notamment liées à la reproduction et la parentalité (comprenant hippocampe, amygdale, gyrus cingulaire, mais aussi cortex orbito-frontal et insula) ;

– le complexe « néocortical » localisé dans les régions associatives latérales des hémisphères, propres à l’homme, responsables des capacités de langage et d’abstraction.

Cette division hiérarchique, à l’origine d’une opposition entre circuits primitifs – siège des émotions et des pulsions – et circuits plus évolués – permettant la cognition et la raison –, est dorénavant abandonnée sous cette forme. De fait, certaines structures cérébrales jouent un rôle important dans les émotions, leur fonction n’est pas nécessairement limitée à ce niveau et dépend d’une interaction étroite avec d’autres régions au sein de réseaux distribués. Ainsi, la plupart des processus émotionnels impliquent la participation de différents systèmes corticaux et sous-corticaux : par exemple, la peur ou la colère évoquée par une réprimande implique autant le langage et la mémoire que le système végétatif. Il est en fait impossible d’identifier des régions dévolues à des fonctions uniquement affectives ou uniquement cognitives.

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Régions cérébrales impliquées dans les émotions - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régions cérébrales impliquées dans les émotions