CERVETERI
Le site archéologique de Cerveteri correspond à celui de Caere, une des plus grandes villes de l'Étrurie méridionale. Caere, avec son port de Pyrgi, est au ~ vie et au ~ ve siècle une des villes les plus puissantes de la ligue étrusque. Vers ~ 540, elle s'allie aux Carthaginois pour chasser les Phocéens d'Alalia (Aleria) en Corse. Au début du ~ ve siècle, elle est dirigée par un prince nommé Thefarie Veliunas, qui consacre à Pyrgi un sanctuaire à la déesse phénicienne Astarté, identifiée à l'étrusque Uni. La dédicace, gravée en étrusque et en punique sur des lamelles d'or, a été retrouvée (Museo nazionale di Villa Giulia, Rome). En ~ 384, Denys de Syracuse prend et pille Pyrgi. La ville de Caere entretient avec Rome des rapports tantôt amicaux tantôt hostiles (guerre de ~ 351-~ 347) qui aboutissent à une fusion des deux États ; les citoyens de l'un jouissent dans l'autre des droits civils, mais non des droits politiques.
Les ruines de Caere couvrent une vaste zone, où l'on a identifié plusieurs temples. Alentour, s'étendent de gigantesques nécropoles ; l'ensemble de la Balditaccia, complètement fouillé et restauré, est l'un des plus impressionnants du monde méditerranéen. On y voit des tumulus parfois colossaux (certains atteignent trente mètres de diamètre), à l'intérieur desquels ont été aménagées des tombes imitant des maisons à pièces multiples, dont le mobilier même a été reproduit en pierre. D'autres tombeaux présentent un plan rectangulaire et sont séparés par des rues cadastrées comme celles d'une ville. Les tombes les plus tardives sont de vastes hypogées, qui imitent eux aussi l'architecture domestique. Le matériel recueilli appartient à toutes les époques, du Villanovien à la période romaine. Mais l'apogée de la ville se situe aux ~ viie et ~ vie siècles ; Caere devait être alors une des plus grandes villes du monde méditerranéen. La tombe Regolini-Gallassi (ainsi appelée du nom de ses fouilleurs) peut être datée des années ~ 670-~ 650 ; elle est caractéristique de la période « orientalisante ». Caere, comme d'autres villes étrusques, recevait alors des objets précieux d'un grand prix, importés d'Orient ; ce sont des bijoux d'or (bracelet orné de l'image indéfiniment répétée d'une déesse à la torche, grande fibule décorée de lions), des ivoires, des trépieds portant des chaudrons de bronze, une chaise et un lit de bois plaqués de bronze, un char. Ces trésors étaient déposés autour des cadavres de deux hommes et d'une femme qui devaient être de rang royal, dans deux chambres ovales recouvertes par un tumulus. Des artistes étrangers, des Grecs surtout, vinrent s'établir dans la ville : l'un d'eux, nommé Aristonothos, originaire sans doute d'Athènes, signa vers ~ 650 un cratère représentant d'un côté un épisode de l'Odyssée, l'aveuglement de Polyphème, et, de l'autre, une bataille navale (Palais des Conservateurs, Rome). Ces ateliers produisirent aussi une série d'hydries caractéristiques et des statuettes évoquant curieusement la céramique maya.
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Écrit par
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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