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DALY CÉSAR DENIS (1811-1894)

Associé à maintes sociétés savantes, honoré par de nombreux gouvernements et Académies, l'architecte César Daly, promis après sa mort à une gloire éternelle par les historiographes, devait être, en fait, rapidement oublié. Ses nombreux ouvrages, ses centaines d'articles, le rôle qu'il joua dans la fondation des sociétés départementales d'architectes, la théorie de l'architecture novatrice qu'il tenta de faire partager à ses contemporains en multipliant les conférences et les publications ne lui assurèrent pas l'immortalité. Et tandis que Viollet-le-Duc devait à ses écrits sa gloire la plus sûre, ceux de Daly tombaient dans l'oubli ou inspiraient quelques-uns de ses confrères (l'Américain H. van Brunt, par exemple) qui se souciaient peu de citer leurs sources. Il faudra attendre les années quatre-vingt pour que l'on redécouvre la personnalité de cet homme dont l'œuvre écrite, diffusée sur les cinq continents, influença profondément la théorie (F. L. Wright reprendra son concept d'« architecture organique ») et la pratique de l'architecture dans la seconde moitié du xixe siècle.

Né en 1811 d'un père anglais (John Daley, prisonnier de guerre à Verdun) et d'une mère française (Camille de Calonne, issue d'une grande famille de l'Artois sous l'Ancien Régime), César Daly vit, à Londres, une enfance malheureuse. En 1831 il est à Paris et entre à l'Atelier de Félix Duban mais refuse de s'inscrire à l'École des Beaux-Arts. En 1836 il découvre les théories de Fourier. En tant que membre de l'École sociétaire, il prépare des plans pour le phalanstère de Condé-sur-Vesgres et suit son ami Victor Considérant au Texas dans la communauté de la Réunion (1855). Rapidement déçu, il revient en France en 1857 et se rallie à l'Empire. Grand voyageur (il visite les États-Unis, parcourt l'Amérique latine, le bassin méditerranéen, fait de longs séjours en Angleterre et en Allemagne), Daly construit peu mais écrit beaucoup. En tant qu'architecte son activité se limite à la restauration de la cathédrale d'Albi et à la construction des deux pavillons d'entrée de sa maison de Wissous. « Édificateur de monuments écrits » (A. de Calonne), Daly publie de nombreux ouvrages d'architecture : Motifs historiques d'architecture et de sculpture d'ornement (1863-1869), Architecture privée au XIXe siècle (trois séries, 1868-1876), Architecture funéraire contemporaine (1871), Motifs divers de serrurerie (1881-1882) et, en collaboration avec Davioud, Les Théâtres de la place du Châtelet (1865). Son Dictionnaire universel de l'architecture, interrompu par sa mort, ne sera pas édité.

Mais Daly apparaît surtout comme le créateur de la presse architecturale moderne. S'il lance en 1875 La Semaine des constructeurs, son œuvre majeure reste la Revue générale de l'architecture et des travaux publics (45 vol., 1840-1890). En publiant cette revue, dont le succès sera international (les premiers numéros sont édités par Hetzel), Daly apporte quelque chose de nouveau dans la presse architecturale française. Un grand format, un texte organisé en rubriques fixes, abondamment illustré et de nombreuses gravures hors texte sur acier font de cette publication un instrument pratique et rigoureux.

Le propos lui aussi est nouveau. L'œuvre architecturale est envisagée au sein d'une réflexion sur l'adéquation au programme, et lorsque Daly convoque les plus grands historiens, techniciens ou hommes de science de son siècle, c'est toujours en vue « d'un effet utile, qui est le progrès pratique et réel de l'art de bâtir » (1840).

S'adressant à l'ingénieur comme à l'architecte, Daly entend compléter la formation professionnelle de ces divers corps de métier en leur offrant, par l'intermédiaire[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art moderne et contemporain à l'université de Bordeaux-III

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    ...demeure inadaptée aux exigences des lecteurs ainsi qu'aux nouvelles tendances de l'architecture. Un instrument vraiment moderne, efficace, restait à créer. C'est ce que fait l'architecte César Daly, ancien disciple de Fourier et élève de Félix Duban, lorsqu'il fonde la Revue générale de...
  • RATIONALISTE ARCHITECTURE

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    César Daly (1811-1893) qui dirigeait la très importante Revue générale de l'architecture et des travaux publics (1840-1890) fit en 1852 ce commentaire à propos de la bibliothèque de Labrouste et de l'hospice de Gilbert : « [ces deux bâtiments] nous offrent un intérêt spécial, c'est la mise en...