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FRANCK CÉSAR (1822-1890)

César Franck - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

César Franck

La trop grande richesse de la musique française est peut-être responsable du malentendu dont reste victime Franck, d'abord adulé puis traînant l'image du « Pater Seraphicus », quelque peu aspergée d'eau bénite, due à ses disciples qui croyaient défendre leur maître devant la vague novatrice qui lui succéda. Le respect qu'il a toujours suscité a relégué au second plan le tempérament complexe de ce musicien, belge de cœur mais profondément français, dont la pudeur voile souvent les véritables sentiments, un musicien dont la richesse et la diversité de la création montrent qu'il n'était pas seulement un chef d'école, comme le présentent maints ouvrages de référence.

L'oppression

Le 10 décembre 1822, César Auguste voit le jour à Liège. Dès 1835, il se lance à la conquête de la capitale française, où il est l'élève d'Anton Reicha et de Pierre Zimmermann. Au Conservatoire, il travaille le contrepoint avec Aimé Leborne et l'orgue avec François Benoist. Toute sa carrière se déroulera en France, à l'exception d'une brève tournée en 1842. Lorsqu'il arrive à Paris, il est chaperonné par un père tyrannique dont le seul but est de transformer ses deux fils (César, l'aîné, et Joseph, le cadet) en enfants prodiges. Pour entrer au Conservatoire, les formalités de naturalisation sont vite expédiées ; quant aux études, certaines ne seront jamais achevées tant l'impatience du père est grande. Des campagnes publicitaires « orchestrent » des récitals au goût de l'époque, au cours desquels le jeune César côtoie les plus grands virtuoses de son temps : Liszt, Alkan... Bientôt, il y joue ses premières œuvres, des fantaisies à la mode. Une première parenthèse dans la tutelle paternelle va s'ouvrir avec les trois Trios concertants pour piano, violon et violoncelle op. 1 (1841), qui lui valent l'amitié et les encouragements de Liszt. Mais le père-imprésario ne voit pas d'un bon œil ces essais hors des sentiers battus. La mode est aux fantaisies de concert et paraphrases sur des airs d'opéras, où doit briller la virtuosité de l'interprète.

Une seconde parenthèse se présente en 1844 avec Ruth, églogue biblique pour soli, chœur et orchestre. L'année précédente, Franck avait déjà composé un opéra en trois actes, Stradella, et l'oratorio semble une suite naturelle pour ce jeune homme qui cherche sa manière propre. Par ailleurs, sa rencontre récente avec Gounod l'a poussé sur les chemins de la Bible, où il reviendra souvent. L'année 1846 marque la fin de la tutelle paternelle : César avait jusqu'alors accepté les directives de son père sans que les circonstances ne l'incitent à les discuter. Mais il s'éprend d'une de ses élèves, Félicité Desmousseaux. Le climat change vite, et une dédicace peu appréciée par le père met le feu aux poudres. César quitte le domicile paternel. Deux ans plus tard, au milieu des barricades de la révolution de 1848, il épouse Félicité.

Sa vie devient celle d'un modeste professeur de musique, dont les ressources ne permettent pas une vie aisée. Organiste à Notre-Dame-de-Lorette en 1847, puis à Saint-Jean-Saint-François du Marais en 1851, il est nommé titulaire du nouveau Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde en 1857 et professeur d'orgue au Conservatoire en 1872. Homme bon, trop discret pour rechercher la notoriété ou le succès, il se contente d'une vie paisible un peu en marge de la réalité, sur laquelle s'est créée la légende du « Pater Seraphicus ». Les véritables chefs-d'œuvre ne voient le jour qu'après 1870, à l'époque où se forme autour de lui une pléiade d'élèves (Duparc, d'Indy, Chausson, Bordes), qui feront rayonner un enseignement fondé sur la musique, l'expression et la beauté, plutôt que sur une technique rigoureuse et froide.[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

César Franck - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

César Franck

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  • CHABRIER EMMANUEL (1841-1894)

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