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FRANCK CÉSAR (1822-1890)

Un romantique

César Franck a été catalogué comme organiste et musicien d'église, mais une connaissance objective de son œuvre ne doit jamais perdre de vue les années de jeunesse, passées sous l'autorité d'un père tyrannique. Le jeune César n'avait pas un caractère à s'affirmer et il ne l'aura jamais. Plus tard, sa femme ou ses élèves choisiront pour lui ou le pousseront à prendre les décisions importantes. Timide de nature, il y a pourtant en lui une passion qui ne demande qu'à s'épanouir, mais que sa pudeur entrave. Avec l' oratorio, il trouvera le moyen de s'échapper un peu de lui-même par un biais qui lui semble naturel, la religion. Ce chrétien sincère n'hésite pas à consacrer le plus clair de son temps à la composition de fresques aussi gigantesques que Rédemption ou Les Béatitudes. Car, au fond de lui-même, c'est un romantique dont la passion ne parvient pas à s'exprimer. Il tâtonne pour trouver son cadre, et des œuvres comme Ruth, La Tour de Babel (oratorio inédit, 1865) ou Rédemption (1871-1872) ne seront que des étapes vers le libre épanouissement d'un homme étouffé : Les Béatitudes en sont une première manifestation, mais la véritable explosion survient avec le Quintette avec piano en fa mineur (1878-1879). Le musicien romantique s'est enfin révélé, donnant libre cours à sa passion et laissant passer un souffle dévastateur. Franck s'est affranchi au point de composer une œuvre d'une sensualité étonnante. L'ombre de son élève Augusta Holmès plane sur cette période de sa vie : est-elle la cause de ce revirement ? L'éventualité d'une liaison a été souvent avancée, mais l'incertitude demeure. Dans le sillage du Quintette, il donne Le Chasseur maudit (1882), Prélude, choral et fugue pour piano (1884), les Variations symphoniques pour piano et orchestre (1885), la Sonate pour violon et piano (1886), dédiée à Eugène Ysaýe, Psyché (1886), Prélude, aria et finale pour piano (1887), la Symphonie en ré mineur (1886-1888), le Quatuor et les Trois Chorals pour orgue (1890). En dix ans, Franck livre le meilleur de lui-même, revenant d'ailleurs à l'inspiration religieuse pour son ultime œuvre. On regrettera qu'il ait consacré ses derniers efforts à orchestrer son opéra Ghiselle, alors qu'un projet de sonate pour violoncelle et piano l'attendait depuis quelques mois.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

César Franck - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

César Franck

Autres références

  • CHABRIER EMMANUEL (1841-1894)

    • Écrit par
    • 2 470 mots
    ...aux grandes formes musicales romantiques. Il ne fut attiré ni par la symphonie ni par aucun des nombreux aspects de la musique de chambre. Cet ami de Franck et de ses disciples ne se laissa pas distraire de sa « vocation ». Il revêtit allégrement ces habits apparemment désuets que sont la romance, les...
  • CHAUSSON ERNEST (1855-1899)

    • Écrit par
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    Compositeur français né à Paris, un des principaux disciples de César Franck, Ernest Chausson fit dans une certaine mesure le lien entre celui-ci et Debussy, son ami et protégé. Après des études de droit, il n'entre au Conservatoire qu'à l'âge de vingt-cinq ans, dans les classes de Massenet...

  • CHORAL

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    On peut en dire autant des trois chorals de César Franck : ce ne sont pas des formes, mais des morceaux de structure différente, dans lesquels l'un des thèmes principaux seulement a le caractère d'un choral. L'allusion parodique au choral Ein feste Burg dans l'Histoire du soldat...
  • COMPOSITION MUSICALE

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    ...des trois mouvements traditionnels ; une autre est celle dite de la composition cyclique, où les mêmes thèmes sont utilisés dans plusieurs mouvements ( César Franck). La seconde direction, au contraire, serait présentée par une extension de la forme sous l'influence, notamment, d'une musique dramatique...
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