PELLI CESAR (1926-2019)
Né le 12 octobre 1926 à Tucumán en Argentine, Cesar Pelli, après des études d'architecture dans son pays et aux États-Unis, a commencé sa carrière américaine en 1954 dans l'agence d'Eero Saarinen. Naturalisé américain en 1964, il travaille de 1968 à 1976 à Los Angeles chez Victor Gruen Associates. En 1977, il fonde sa propre agence, Cesar Pelli and Associates.
Ses œuvres se caractérisent par les diverses réponses apportées à la question de l'enveloppe d'un bâtiment à ossature. Dans la lignée du second principe exposé en 1932 par Henry-Russell Hitchcock et Philip Johnson dans leur ouvrage The International Style, les bâtiments doivent produire un effet de volume et non de masse. Les édifices doivent être enveloppés dans une sorte de peau lisse et continue, comme tendue sur une ossature. Chez Cesar Pelli, cette peau est faite le plus souvent de panneaux de verre ou plus tardivement de plaques de granit. Les variations que l'architecte peut introduire à partir de ce principe de continuité des surfaces enveloppantes concernent les couleurs des matériaux utilisés (verre et granit) et leur texture (en particulier, transparence ou opacité du verre).
Dès ses premières réalisations, Cesar Pelli manifeste cette orientation, par exemple au Commons-Courthouse Center construit à Columbus (Indiana) en 1973. La diversité des fonctions de cette galerie marchande est unifiée au moyen d'une enveloppe continue de verre brun et blanc.
À une échelle monumentale, le Pacific Design Center à Los Angeles (1971-1976) relève de la même esthétique. Il s'agit d'un vaste espace d'exposition permanente qui rappelle l'illustre précédent du Crystal Palace érigé à Londres en 1851. Surnommé « la baleine bleue » (the bluewhale) à cause de ses dimensions et de la couleur du verre utilisé comme enveloppe, il présente un profil qui évoque dans une certaine mesure les contours d'une modénature classique, avec moulures et larmier.
Tout en restant fidèle au principe de l'enveloppe indifférenciée, Cesar Pelli introduit des innovations volumétriques, comme en témoigne par exemple l'annexe du Museum of Modern Art de New York (1980-1984) : un espace vitré de circulation hors œuvre abritant des escalators et une tour de 44 étages. Avec les quatre tours de bureaux du World Financial Center (1981-1988) élevées dans Battery Park City au sud de Manhattan, Cesar Pelli expérimente diverses formes pour coiffer les sommets de ses immeubles : pyramide ou dôme. Ce procédé permet d'abord de les identifier au milieu des autres constructions en hauteur du quartier, en particulier de les distinguer de l'architecture minimaliste des tours jumelles du World Trade Center de Minoru Yamasaki (1974), et aussi d'évoquer discrètement certaines formes de l'architecture Art déco de l'entre-deux-guerres.
C'est ce modèle new-yorkais qui a été exporté à l'est de Londres pour le principal immeuble de bureaux de Canary Wharf à One Canada au cœur de l'opération de réhabilitation et d'aménagement des Docklands. Cette tour signal (1988-1991) en forme d'obélisque est haute de 245 mètres. Son échelle disproportionnée et sa présence à proximité du patrimoine architectural de Greenwich – avec des œuvres d'Inigo Jones et de Christopher Wren – situé en bordure de la rive opposée de la Tamise, n'ont pas été sans susciter de vives critiques, en particulier de la part du Prince Charles.
Cette tendance au gigantisme s'est accentuée avec la construction, en 1996, des Petronas Towers (1998) au centre de la ville de Kuala Lumpur en Malaisie : hautes de 451 mètres, les deux tours sont reliées par une passerelle à double étage, située à 175 mètres au-dessus du niveau de la rue. Dans le même registre, on doit notamment à Cesar Pelli la Gran Torre du Costanera Center (Santiago du Chili,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude MASSU : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle
- Écrit par Joseph ABRAM , Kenneth FRAMPTON et Jacques SAUTEREAU
- 11 661 mots
- 17 médias
...S.O.M., terminée en 1974), l'école de Saarinen, non seulement a construit sur une aire plus étendue, mais est parvenue à des réussites plus sensationnelles. Cette supériorité se remarque immédiatement dans les édifices, construits par Pelli pour Victor Gruen et Associates, de son Pacific Design Center de 1971...