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ZAVATTINI CESARE (1902-1989)

Cesare Zavattini - crédits : Werner Rings/ Hulton Archive/ Getty Images

Cesare Zavattini

« Quelle belle époque tout de même ; un meeting continuel, on se figurait qu'on changerait le monde ou le gouvernement grâce à une douzaine de films, les slogans nous sortaient du cœur avec la détermination des balles de fusil : le néoréalisme est la conscience du cinéma, le cinéma est utile ou il n'est pas, il importe de s'attaquer à ce qui se passe et non à ce qui s'est passé, il faut connaître avant d'agir... » Le néo-réalisme a été la grande affaire de la vie de Cesare Zavattini. Né en 1902 à Luzzara, une bourgade de la plaine du Pô à quelques kilomètres de Parme, il est tour à tour enseignant, journaliste, critique de cinéma. Dès 1934, il écrit son premier scénario, pour Darò un millione tourné par Mario Camerini (1935). C'est le premier film d'une longue liste : il est crédité de plus de cent titres, dont vingt-six pour Vittorio De Sica, de Teresa Venerdi (1941) à Una breve vacanza (1973).

Le néo-réalisme est né dans l'Italie bouleversée de l'après-guerre, à la fois d'une situation d'extrême pénurie (la destruction des structures de production, la paralysie des studios, le manque d'électricité et de pellicule) et d'une volonté mûrie dans les années noires : tourner le dos à un cinéma d'illusions (les comédies à téléphones blancs comme les épopées impériales), sortir les caméras des décors construits et des éclairages trompeurs, aller à la rencontre de l'homme « vrai ». Dès 1938, Leo Longanesi lançait cet appel enflammé : « Nous devons réaliser des films sans artifice, tournés sans scénario, autant que possible sur le vif. Il faut se lancer sur les routes, porter la caméra dans les rues. » Zavattini est de ceux qui l'ont entendu. Dès 1942, pour Quattro passi fra le nuvale (Quatre pas dans les nuages) d'Alessandro Blasetti, il a écrit un scénario où passent le frémissement de la vie, le poids du quotidien gris, la difficulté des existences individuelles.

C'est cependant avec les scénarios de Sciuscià (tourné en 1946), de Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette, 1948), de Miracolo a Milano (Miracle à Milan, 1951) et de Umberto D (1952), tous mis en scène par De Sica, qu'il est reconnu et consacré. Le néo-réalisme de ces œuvres est alors fortement teinté d'un populisme attentif, chaleureux, qui ne dédaigne pas l'appel à l'émotion. En même temps, Zavattini revendique un « cinéma utile à l'homme », un cinéma fondé sur le travail de terrain, les enquêtes, les dossiers. Il récuse les acteurs professionnels : qu'on convoque devant les caméras ceux qui ont vécu les faits dont se nourrit le scénario. Au début des années 1950, il s'acharne à monter une sorte de magazine filmé dont le prototype sort en 1953 : Amore in città (L'Amour à la ville) se présente comme une mosaïque de courts-métrages dont chacun des auteurs – Fellini et Antonioni, notamment – détourne le propos pour imposer sa manière.

Seule la partie confiée à Francesco Maselli, contrôlée de près par Zavattini, donne la juste image des intentions initiales. Cette Storia di Caterina (Histoire de Catherine) met en scène une jeune Sicilienne à qui les auteurs font rejouer l'abandon de son enfant. André Bazin a salué la réussite « inimaginable » du projet, tout en continuant d'émettre des doutes sur sa validité.

Expérience limite, que Zavattini ne pourra rééditer : un autre dossier, Siamo donne (Nous les femmes), réalisé collectivement l'année suivante, se révélera un banal film à sketches. Le néo-réalisme avait fait son temps. Pendant un quart de siècle, Zavattini a continué à écrire des scénarios pour un cinéma italien dominé par des créateurs aux personnalités trop fortes pour qu'il puisse peser sur leur œuvre. Il a bouillonné de projets, donné des leçons (à Cuba, notamment, en 1960),[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, historien de cinéma, président de l'Association française de recherche sur l'histoire du cinéma

Classification

Média

Cesare Zavattini - crédits : Werner Rings/ Hulton Archive/ Getty Images

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