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CÉSAROPAPISME

Les deux pouvoirs

Contre cette volonté unitaire des empereurs chrétiens, certains évêques s'étaient déjà élevés, au IVe siècle ; Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan avaient dénoncé cette usurpation par le pouvoir civil : « L'empereur est dans l'Église, mais non au-dessus ; il doit chercher à l'aider mais non à la combattre. » Une telle affirmation n'était pourtant que la marque d'un désaccord momentané et non le résultat d'une réflexion approfondie sur les relations de l'Église et de l'État. Celle-ci fut entreprise par Augustin, évêque d'Hippone, lorsque les interprétations païennes de la prise de Rome par les Wisigoths le déterminèrent à écrire La Cité de Dieu. Sa position est absolue : il n'existe aucun lien essentiel entre l'Église et l'Empire, car « il y a un roi pour la vie d'ici-bas et un roi pour la vie éternelle » et l'Empire est au service de l'Église pour réaliser avec elle l'idéal du christianisme, à savoir l'institution en ce monde de la Cité de Dieu.

Mais, en même temps que se dessine ce courant idéologique qui tend à la distinction des pouvoirs, la rupture politique du monde romain en deux parties, bientôt suivie de l'effondrement de l'Empire d'Occident sous les coups des invasions barbares et sous l'effet d'un lent appauvrissement économique, devait favoriser, en Occident, la libération de l'Église. C'est autour de l'Église de Rome, caput et mater, que se rassemblent désormais toutes les Églises occidentales. Les décisions du Siège apostolique prennent une autorité accrue, alors même que l'autorité politique de l'État romain s'affaiblit avant de disparaître complètement en 476. Cependant, dans la partie orientale du monde romain les querelles christologiques nécessitent la mobilisation des énergies impériales : contre les décisions d'Arcadius et de Pulchérie imposant, à la demande même de nombreux évêques, l'orthodoxie définie aux conciles d'Éphèse et de Chalcédoine, les papes (Léon le Grand par exemple) ne cessent de proclamer qu'il appartient aux seuls évêques d'être les interprètes de la révélation divine, tandis que les empereurs doivent se montrer obéissants en matière religieuse. En vain : l'Orient refusait cette conception romaine des rapports de l'Église et de l'État et continuait à penser que les décisions impériales étaient, comme l'affirmait l'impératrice Eudoxie, « des décisions divines ». Face à l'Hénotique de Zénon (482), qui affirme que l'unité de foi est garante de la durée de l'État romain et qui impose une nouvelle orthodoxie, le pape Gélase réaffirme l'indispensable séparation des deux pouvoirs : l'empereur n'est qu'un fils de l'Église, comme tout chrétien, et non pas un évêque ; s'adressant directement à l'empereur Anastase, Gélase insiste en ces termes : « Deux principes régissent le monde : l'autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal. Des deux, c'est la charge des évêques qui est la plus lourde puisqu'ils doivent aussi rendre compte, devant la justice de Dieu, de ceux-là mêmes qui sont les rois » (Lettre de 494). On ne pouvait dire plus nettement que, si les empereurs pouvaient apporter le soutien de leur autorité temporelle aux évêques, ils restaient soumis à ces derniers dans toutes les matières de foi, chacun des deux ordres demeurant ainsi compétent en son domaine propre.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

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300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

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