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CÉSAROPAPISME

En Occident, de 565 aux querelles du Sacerdoce et de l'Empire

La situation est entièrement différente dans l'Occident du haut Moyen Âge, avant comme après la création de l'Empire carolingien. Byzance a toujours été un État centralisé et hautement différencié, doté d'une Église à tendance « nationale ». L'Occident forme un damier de royaumes peu étatisés, auxquels convient mal la qualification de césaropapistes, tant les empiétements mutuels du laïque et du clerc s'y compensent. L'essor de la dynastie carolingienne, l'important couronnement de l'an 800 singularisent encore la physionomie de l'Occident. L'Empire franc a pour interlocuteur une Église à prétention universaliste, qui l'a certes créé mais qui lui doit aussi une souveraineté temporelle. Cette conjoncture engage l'empereur dans une politique de protection envahissante. Elle se compliquera du fait de la féodalisation, processus inconnu de Byzance.

Charlemagne, avant même son couronnement, répartit ainsi les domaines : « À moi l'action ; au pape la prière pour le succès de l'action. » L'Église va trouver partout Charlemagne, souvent pour son bien. La théologie attire l'empereur. Au concile de Francfort (794), il fait dresser un réquisitoire contre la théologie des icônes du septième concile (787). En 808, il sollicite le pape d'insérer le Filioque dans le Symbole, suivant l'usage d'Aix-la-Chapelle. Sur ce point, Charles ne fera guère d'émules. En revanche, ses successeurs ou leurs imitateurs s'arrogeront de plus en plus l'élection du pape et des évêques, préparant la voie à la crise des Investitures.

Par la Constitution de 824, Lothaire soumet l'élection du pape à la ratification impériale. Cette disposition, après des vicissitudes liées à l'éclipse de l'Empire et aux intrigues de la maison de Tusculum, est restaurée en 963 par le privilège d'Otton Ier, qui revendique pour l'empereur « le consentement et le choix » : l'élection canonique n'est plus qu'une formalité. En 1046, Henri III réitère la mesure. Le Siège romain est à l'entière merci du souverain germanique.

Parallèlement, le prince pourvoit les évêchés à sa guise. L'édit du concile de Paris, en 614, qui légitimait un état de fait en requérant pour toute consécration l'« ordre du roi », est dépassé. Au ixe siècle, l'empereur choisit l'évêque – parfois en observant un simulacre d'élection canonique – et l'investit, en lui remettant en signe de juridiction le bâton pastoral et l'anneau. Il ne lui manque que de consacrer l'élu. Le droit à l'investiture, disputé par les ducs aux empereurs faibles, est récupéré par Otton Ier. Hors de l'Empire germanique, il est partagé entre les rois, comtes et ducs. L'évêque est, ni plus ni moins, un vassal, avec les services temporels et les servitudes morales qui s'ensuivent.

L'Église s'accommode longtemps de cette situation, d'autant qu'elle maintient théoriquement intacts les canons et réserve un droit d'appel au supérieur ecclésiastique. La réforme monastique, dont les effets se font sentir dans le corps épiscopal, dénonce enfin, aux xe-xie siècles, la profonde déchéance du haut clergé, mais on ne remonte que progressivement à la cause : l'aliénation de l'élection au profit du prince. Dès lors, les événements se précipitent. En 1057, Étienne IX est élu pape sans l'aveu de la Cour impériale. Nicolas II, son successeur, érige le fait en droit et réserve aux cardinaux l'élection du pape ; mieux, il s'attaque au principe de l'investiture laïque. La querelle est virtuellement ouverte. Quelques années plus tard, le césaropapisme se heurtera à une réaction « papocésariste » animée par Grégoire VII.[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

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300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

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