CEUX DE 14, Maurice Genevoix Fiche de lecture
De la Marne aux Éparges
Ceux de 14 est constitué de quatre « livres » qui reprennent les titres des ouvrages publiés séparément, à l'exclusion de Au seuil des guitounes, finalement fondu avec La Boue. Chaque livre est divisé en « chapitres » : huit pour Sous Verdun, Nuits de guerre et Les Éparges, dix pour La Boue. À cette organisation se superpose la forme tout aussi strictement chronologique du journal.
Sous Verdun décrit l'entrée progressive dans la guerre. C'est d'abord le temps de la découverte de la vie militaire, vécue dans une sorte d'allégresse et d'impatience d'en découdre, et celui de la présentation de certains protagonistes qui accompagneront l'auteur, comme Robert Porchon, l'ami saint-cyrien. Bientôt, la réalité des combats se rapproche, tandis qu'apparaissent les premiers blessés et les premiers cadavres et qu'ont lieu les premiers affrontements. Le récit entre alors pleinement dans l'« expérience combattante ». Sous Verdun s'achève sur le mouvement du 106e régiment, affecté au secteur des Éparges, un petit village des Hauts de Meuse.
Nuits de guerre et La Boue relatent le long cheminement erratique de Genevoix et de ses compagnons, au gré des ordres et contre-ordres – ou de leur absence pure et simple. La compagnie progresse avec peine, occupant un temps des postes où l'ennemi – une batterie, un tireur embusqué – n'est jamais loin. Mais plus encore que les bombardements et les escarmouches sanglantes, ce sont ici avant tout les conditions de vie des fantassins – le froid, la pluie, la boue, l'épuisement... – que Genevoix s'attache à restituer. Les haltes et les relèves ménagent des contacts entre les soldats en quête de nourriture et d'un abri, et des civils, révélant les ravages de la guerre sur la population – maisons détruites, champs ravagés, bétail tué, familles endeuillées...
Les Éparges marque l'aboutissement de cette errance et l'acmé de cette montée en tension. La plus grande partie du livre est consacrée aux attaques et contre-attaques successives pour la prise de la crête des Éparges, jugée stratégique. Sous un déluge d'obus et le feu des mitrailleuses, nombre de compagnons de Genevoix trouvent la mort, en particulier Porchon – le seul dont l'auteur ait repris le véritable patronyme –, à qui Sous Verdun est dédié. Assauts meurtriers et brefs moments de repos se succèdent dans une sorte de semi-conscience, tandis que s'installe chez chacun la certitude d'une mort prochaine. Finalement, la bataille des Éparges s'achève sur une victoire toute relative. Après une nouvelle relève, Genevoix, promu lieutenant, repart au front dans un autre secteur. Le 25 avril, il est grièvement blessé dans la Tranchée de Calonne au cours d'une contre-attaque allemande. Il est évacué vers l'hôpital militaire de Mouilly, puis celui de Verdun. Le récit s'achève sur un vibrant hommage à ses compagnons disparus.
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Autres références
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GENEVOIX MAURICE (1890-1980)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jacques JOUET
- 805 mots
Né le 29 novembre 1890 à Decize (Nièvre), près de Nevers, Maurice Genevoix passe son enfance au contact de la nature. Ses études sont brillantes : une voie d'universitaire et d'enseignant toute tracée. La Grande Guerre interrompt brusquement ce cours. Mobilisé le 2 août 1914 en tantqu’officier...