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CFDT (Confédération française démocratique du travail)

La réponse au plan Juppé - crédits : Steve Eason/ Hulton Archive/ Getty Images

La réponse au plan Juppé

La C.F.T.C. a mis vingt ans à se « déconfessionnaliser ». Le processus qui aboutit en 1964 à l'apparition de la Confédération française démocratique du travail (C.F.D.T.) passe en partie par la suppression de l'hégémonie de la Fédération intersectorielle des employés, symbolisée par la désignation d'un ouvrier métallurgiste, Eugène Descamps, au secrétariat général. Après l'abandon de la référence chrétienne et la scission qui l'accompagne, la C.F.D.T. entreprend de consolider son assise et sa démarche. Le mouvement de mai 1968 l'entraîne sur la voie de l' autogestion. La rupture de l'Union de la gauche en 1977 permet à son deuxième secrétaire général, Edmond Maire, d'effectuer un « recentrage », et de prendre ses distances avec la C.G.T., son alliée traditionnelle. Poursuivi malgré les crises et les dissensions internes, le processus de « resyndicalisation » conduisit à l'abandon de tout projet politique alternatif au nom d'un réformisme pragmatique. À la fin des années 1990 et jusqu'en 2003, la C.F.D.T. voit ses positions et son audience renforcées, au point de devenir le partenaire de négociation privilégié des pouvoirs publics et du patronat dans toutes les réformes du droit social : Sécurité sociale, chômage, réduction du temps de travail, retraites.

La consolidation de la C.F.D.T. par l'unité d'action avec la C.G.T.

Dans les mois qui suivent le congrès extraordinaire de novembre 1964, les militants de la C.F.D.T. « contrent » sévèrement les initiatives des mainteneurs de la C.F.T.C. Ils leur disputent sigle et locaux. Il s'agit de restreindre au minimum la scission. Dans le même temps, la nouvelle centrale entend démontrer sur le terrain sa capacité d'action et de proposition. Le patronat contrarie cette perspective en affichant une intransigeance complète. Eugène Descamps conduit avec habileté sa centrale, évitant en 1965 de prendre position pour l'élection présidentielle entre François Mitterrand et Jean Lecanuet.

Face à l'immobilisme patronal, la C.F.D.T. cherche à dynamiser le mouvement social. Des entretiens ont lieu avec Force ouvrière pour explorer les voies d'un rapprochement organique. Ils achoppent sur la question de l'entente avec la C.G.T., qui est exclue par André Bergeron alors qu'elle est considérée comme nécessaire par Eugène Descamps. Un accord national est conclu entre la C.G.T. et la C.F.D.T. le 10 janvier 1966. Il marquera durablement la vie syndicale en France. Au sein de la centrale déconfessionnalisée, l'option qu'il représente ne satisfait pas les modernistes comme Edmond Maire, dirigeant de la Fédération de la chimie, ou les militants qui restent proches de l'ancienne C.F.T.C. Le président de la C.F.D.T., Georges Levard, démissionne en 1967 pour protester contre l'orientation suivie par le secrétaire général. Des journées d'action sont lancées avec la C.G.T. pour la défense de la Sécurité sociale et de l'emploi (17 mai et 26 nov. 1966, 1er févr., 15 mai et 13 déc. 1967). La C.F.D.T. s'oppose aux tentatives effectuées par la C.G.T. d'associer directement le P.C.F. à ces manifestations.

La fin de l'année 1967 et le début de l'année 1968 sont secoués par des grèves dures, à la Rhodiaceta, à Berliet, à Caen, où les militants de la C.F.D.T. s'illustrent par leur ardeur. Ils s'investissent avec la même fièvre dans le mouvement de mai, que la C.G.T. entend conduire de manière raisonnable. Le 16 mai 1968, le bureau confédéral cédétiste lance le mot d'ordre d'autogestion. La centrale d'Eugène Descamps cherche à relier la révolte étudiante et la grève ouvrière. Elle déplore que, durant les négociations de Grenelle, le patronat et le gouvernement aient choisi la C.G.T. pour principal interlocuteur.[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques

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