CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens)
La C.F.T.C. d'après 1964
Quittant la présidence de la C.F.T.C. dont il refusait l'évolution, Gaston Tessier déclarait, dans le discours de clôture du congrès de 1953 : « Dans le désarroi du monde contemporain, nous avons la chance unique de posséder une doctrine sûre, résumée par un article premier des statuts, auquel, tous, vous avez déclaré être fidèles. » L'inquiétude perçait sous le rappel, apparemment confiant, du consensus interne. Elle s'amplifie chez les militants attachés au syndicalisme chrétien après le retrait du fondateur. À la fin de 1955, des rencontres se tiennent, rue Saint-Guillaume, dans les locaux du secrétariat social de Paris. En 1956 paraît une revue : Les Équipes syndicales chrétiennes. Six ans plus tard, un Manifeste programme pour la C.F.T.C., assez largement diffusé, est signé par une vingtaine de responsables, dont Jean Bornard et Joseph Sauty, mais non Jacques Tessier, pour rendre le texte plus acceptable. Le contre-feu à l'élection d'Eugène Descamps se renforce : une Association des groupes d'études économiques, sociales et syndicales d'inspiration chrétienne (A.G.E.S.S.I.C.) est fondée en 1963. Elle servira de vecteur à l'opposition au changement de la C.F.T.C. en C.F.D.T. Le 7 novembre 1964, au soir du vote qui a consacré la déconfessionnalisation, quatre cents délégués se réunissent au Musée social pour continuer la C.F.T.C.
Les nouveaux minoritaires regroupent environ 10 p. 100 des adhérents, principalement dans les mines, l'enseignement privé, l'alimentation et les banques, avec trois zones géographiques dominantes, l'Alsace, le Nord et Paris. La nouvelle direction, avec Joseph Sauty comme président et Jacques Tessier comme secrétaire général, s'attelle à la reconstitution de l'organisation. Un an après la scission, la C.F.T.C., qui est à l'époque qualifiée de « maintenue », fait état de 18 unions départementales, 7 unions régionales et de 27 fédérations. Un arrêt du Conseil d'État reconnaît la représentativité nationale du mouvement en 1970. La propriété du sigle C.F.T.C., qui était contestée par la C.F.D.T., lui est attribuée par un modus vivendi qui intervient en janvier 1971.
Joseph Sauty meurt en 1970. Jacques Tessier lui succède et Jean Bornard accède à son tour à la présidence de la C.F.T.C. en 1981. Des turbulences surviennent encore au sein de l'organisation : elle a dû se séparer du Syndicat des aiguilleurs du ciel, trop corporatiste, ou de dirigeants de la Fédération du bâtiment, trop intégristes. Elle joue un rôle actif dans la gestion de la Caisse nationale des allocations familiales et entretient des relations privilégiées avec le mouvement polonais Solidarność. Elle a pris une part décisive à la lutte pour la défense de l'école privée en 1983-1984. Réintégrée en 1983 à la Confédération mondiale du travail, l'ancienne Confédération internationale des syndicats chrétiens, la C.F.T.C. récupère, vingt ans après la scission, l'ensemble des attributs d'une centrale interprofessionnelle. D'effectifs réduits et d'audience restreinte, la « nouvelle » C.F.T.C. fait entendre dans le concert social la voix du catholicisme social traditionnel.
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Écrit par
- René MOURIAUX : docteur en science politique, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
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