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CGT (Confédération générale du travail)

Maintenir la C.G.T.

Les tensions au sein de la confédération s'intensifient. Deux secrétaires confédéraux, Jean-Louis Moynot et Christiane Gilles, démissionnent en 1981 pour protester contre l'assujettissement de l'action syndicale aux seuls intérêts du P.C.F. La présence de ministres communistes au gouvernement de juin 1981 à juillet 1984 ne simplifie pas la situation. Henri Krasucki devient secrétaire général en 1982 et s'applique à réussir le délicat exercice du soutien critique à l'action menée par Pierre Mauroy. Il est à noter que l'Union générale des fonctionnaires de France C.G.T. ne signera aucun des accords salariaux proposés par Anicet Le Pors. Après le refus des communistes de participer au gouvernement Fabius, la C.G.T. accentue ses mises en cause de la politique suivie par le président de la République et son Premier ministre. Les socialistes demeurés à la confédération expriment leurs désaccords envers une ligne que certains communistes jugent encore trop timorée.

Le 24 octobre 1985, la C.G.T. renoue avec la pratique des journées nationales d'action interprofessionnelle qu'elle avait abandonnée depuis cinq ans. Elle entend apparaître comme la seule force syndicale résolument opposée à l'austérité et à la « casse » industrielle. Elle mène une campagne active contre le projet de loi Delebarre sur la flexibilité. Elle appuie le mouvement des étudiants et des lycéens à l'automne de 1986. Elle cherche à élargir la grève des cheminots à l'ensemble du secteur public en janvier 1987. Les rigueurs de l'hiver brisent la tentative. La C.G.T. réussit un vaste rassemblement pour la défense de la Sécurité sociale, le 22 mars 1987.

Au moment où il cède la place à Louis Viannet en janvier 1992, même s'il a mis l'accent sur le « monolithisme qui appauvrit la C.G.T » et si le XLIVe congrès a amorcé une timide autocritique en ce sens, Henri Krasucki n'a pas pu enrayer la chute des effectifs dont souffre la centrale, ni brisé l'isolement qui l'affecte tant dans le cadre national qu'au niveau européen. Il peut néanmoins avoir le sentiment d'avoir maintenu un syndicalisme de lutte de classes et relancé une certaine dynamique revendicative.

Manifestation contre le plan Juppé - crédits : Georges Gobet/ AFP

Manifestation contre le plan Juppé

Sous la direction de Louis Viannet, de 1992 à 1999, l'évolution du syndicat est plus sensible. Le souci de se démarquer du Parti communiste détermine ce secrétaire général à abandonner l'usage des consignes de vote, et même à refuser son appui à des manifestations lancées par le parti. La volonté de retour à l'unité syndicale se traduit en particulier par un certain rapprochement avec la C.F.D.T. Mais, lors des grandes grèves de l'automne de 1995, c'est à sa vieille rivale Force ouvrière que la C.G.T. s'allie pour combattre la réforme de la Sécurité sociale et obliger le gouvernement à retirer son projet, alors que la direction de la C.F.D.T soutient le plan Juppé.

Avec l'arrivée de Bernard Thibault à la tête de la Confédération en février 1999, le « syndicalisme de proposition » devient le nouveau mot d'ordre. Ce recentrage sur l'action revendicative accentue la distance prise à l'égard du monde politique. La volonté de rompre son isolement et de peser effectivement sur les décisions explique l'entrée de la C.G.T. dans la Confédération européenne des syndicats, en mars 1999, ainsi que la poursuite d'une stratégie d'union syndicale qui ne va pas sans mal, comme en témoigne la rupture du front commun par la C.F.D.T. à l'occasion du projet de réforme des retraites en mai 2003. En 2006, l'opposition au contrat première embauche (C.P.E.) permet au front syndical de se reformer.

— René MOURIAUX

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • : docteur en science politique, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Manifestation contre le plan Juppé - crédits : Georges Gobet/ AFP

Manifestation contre le plan Juppé

Autres références

  • AMIENS CHARTE D' (1906)

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    Motion votée au IXe congrès confédéral de la C.G.T., tenu du 8 au 16 octobre 1906, la Charte d'Amiens est considérée comme le texte fondamental du syndicalisme révolutionnaire.

    La C.G.T. avait été créée au congrès de Limoges en 1895 par la Fédération des Bourses du travail...

  • APOLITISME

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    En France, la notion d'apolitisme a souvent été associée à la charte d'Amiens, adoptée lors ducongrès de la C.G.T., en 1906, bien que le mot ne figure pas dans le texte de la charte. À une époque où le Parti communiste n'existe pas encore, la charte d'Amiens donne comme objectif au ...
  • BELIN RENÉ (1898-1977)

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    Commis à la Compagnie des téléphones, puis rédacteur aux P.T.T. en 1920, René Belin est secrétaire du syndicat C.G.T. des postiers de la région lyonnaise en 1926. Devenu secrétaire de la Fédération nationale des P.T.T., il est révoqué pour fait de grève (1930). Il accède en 1933 au bureau...

  • CFDT (Confédération française démocratique du travail)

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    ...la C.F.D.T. cherche à dynamiser le mouvement social. Des entretiens ont lieu avec Force ouvrière pour explorer les voies d'un rapprochement organique. Ils achoppent sur la question de l'entente avec la C.G.T., qui est exclue par André Bergeron alors qu'elle est considérée comme nécessaire par Eugène Descamps....
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