HIMALAYENNE CHAÎNE
Les roches de la chaîne himalayenne
Nous avons vu que l'ensemble de l'Himalaya est constitué par une croûte continentale, mais qu'on rencontre également dans les sutures ophiolitiques des restes de croûte océanique ou d'arc volcanique, et, localement, de manteau supérieur. Rappelons quelles sont les roches rencontrées dans ces différents cas, et quel est leur âge.
L' écorce continentale comprend toujours deux parties bien distinctes : d'une part, un socle très ancien, précambrien, équivalent du bouclier indien, où ont été identifiés de l'Archéen (plus de 2 500 Ma) et plusieurs chaînes protérozoïques ; d'autre part, une couverture sédimentaire, parfois très épaisse (de l'ordre de 15 km), essentiellement formée de sédiments marins.
Il est possible que la couverture sédimentaire débute au Protérozoïque supérieur (correspondant au Sinien des auteurs chinois) ; elle se poursuit par le Paléozoïque, le Mésozoïque et une partie du Cénozoïque. Ces sédiments ont enregistré tous les grands événements qui se sont produits dans les différents microcontinents avant que ceux-ci soient accolés à l'Asie :
– dans tout le nord du continent indien (correspondant à la Haute Chaîne), la série stratigraphique reste assez homogène, avec d'épaisses séries de plate-forme, avec des calcaires néritiques et des grès ; on admet que le sommet du Chomo-lungma (ou Everest, 8 848 m) est formé d'Ordovicien ; dans le massif de l'Annapurna (8 078 m), toute la série est bien reconnue dans le Paléozoïque, depuis le Cambro-Ordovicien jusqu'au Permien, puis dans le Mésozoïque jusqu'au Crétacé inférieur ; plus au nord, et localement, la série monte jusque dans l'Éocène moyen marin ; au Cachemire, le Permien comporte d'importantes émissions basaltiques témoins d'une ancienne fissuration du continent de Gondwana (vers − 250 Ma) ;
– au Ladakh et au Tibet, on voit apparaître, à partir du Permo-Trias, des faciès différents ; il ne s'agit plus de faciès peu profonds, mais de faciès de marge, puis de bassin subsident ; le Trias correspond à un épais flysch, le Crétacé devient profond et pélagique ; ces faciès annoncent le passage du continent indien à la Néotéthys ;
– au nord des sutures ophiolitiques péri-indiennes, dans le sud du Tibet et dans le Karakoram, on retrouve des séries paléozoïques comparables, mais les séries mésozoïques et cénozoïques sont très différentes ; au Tibet, ce sont des séries continentales rouges et des séries calcaires, associées à un volcanisme calco-alcalin, caractéristique d'une chaîne de subduction de type andin d'âge crétacé.
La croûte océanique correspond aux ophiolites et à leur couverture sédimentaire. Elle est bien représentée le long de la suture du Tsang-po, au Tibet. On rencontre des péridotites, des gabbros, des dolérites et des basaltes, surmontés par des sédiments marins pélagiques et profonds, correspondant à des radiolarites et à des schistes d'âge crétacé.
La croûte de type intermédiaire, correspondant à l'arc volcanique de Kohistān, affleure dans des conditions exceptionnelles. On peut y observer, sur plus de 20 kilomètres d'épaisseur, une coupe probablement unique au monde. À partir de la base, on rencontre successivement des roches infracrustales ou du manteau supérieur, avec des péridotites, des granulites à pyroxène, puis des gabbros, des amphibolites, et enfin des coulées basaltiques, recouvertes de sédiments marins du Crétacé ; plus haut, apparaissent des niveaux volcaniques subaériens.
Soit par leur faciès, soit par le champ magnétique terrestre qu'elles ont fossilisé (paléomagnétisme), toutes ces roches ont enregistré les événements qui se sont produits dans les différentes unités géologiques. On peut ainsi trouver dans le Paléozoïque[...]
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Écrit par
- Maurice MATTAUER : professeur à l'université des sciences et techniques du Languedoc, Montpellier
- Jacques-Louis MERCIER : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay
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