Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALPINES CHAÎNES

L'organisation complexe des chaînes alpines

On oppose généralement des zones internes et des zones externes, ces dernières correspondant à la marge continentale, les premières aux unités d'origine océanique ou apparentées. En vérité, la distinction zones internes-zones externes est souvent assez floue et la limite choisie peut ne pas être la limite essentielle continent-océan : elle est généralement placée entre les terrains ayant échappé au métamorphisme alpin (zones externes) et ceux qui ont été profondément affectés par celui-ci (zones internes). Zones internes et externes n'ont donc pas de sens précis et ne représentent qu'une première approche dans la structure générale de la chaîne ; la distinction en unités provenant de la marge continentale et en unités provenant de l'océan téthysien est préférable.

Les effets successifs des subductions – qui commencent par conséquent dans les zones internes – et/ou des collisions font que les chaînes alpines se forment progressivement de l'intérieur vers l'extérieur. Les épisodes tectoniques les plus anciens, souvent Jurassique supérieur (140 Ma), sont situés dans les zones internes, les plus récents, néogènes (jusque vers 5 Ma, voire l'époque actuelle en certains endroits), dans les zones les plus externes. En conséquence, les flyschs détritiques qui sont liés à l'orogenèse sont eux-mêmes plus récents de l'intérieur vers l'extérieur de la chaîne, débutant à la limite Jurassique-Crétacé dans les zones internes, s'achevant au Tertiaire dans les zones externes. L'ensemble caractérise la polarité des chaînes alpines, qui s'exprime également dans la vergence des accidents tectoniques, déversés, dans leur majorité, vers le continent qui leur sert d'avant-pays.

À l'échelle de la Téthys, il y a donc un double système de chaînes, chacune bordant le continent auquel elle est adjacente. Telle est la distinction entre les deux branches alpidique et dinarique du système alpin autour de la Méditerranée, la première déversée vers l'Europe, la seconde déversée vers l'Afrique. L'ensemble alpin forme donc une chaîne à double déversement, dont la symétrie géométrique est liée à la collision des continents. Mais cette symétrie cache une dissymétrie de nature, liée aux subductions antérieures à la collision : la marge sous laquelle se faisait la subduction est traversée de granites, porte des séries volcaniques andésitiques et témoigne d'une tectonique limitée au socle continental ; l'autre marge supporte le charriage des séries océaniques, qui forment notamment les grandes nappes ophiolitiques associées au métamorphisme de type schiste bleu.

Dinarides-Balkan - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dinarides-Balkan

Un profil au travers de la péninsule balkanique montre bien cette coexistence d'une symétrie géométrique avec une dissymétrie de nature ; de part et d'autre de la zone du Vardar, qui est la cicatrice paléo-océanique téthysienne, on observe : dans les chaînes du Balkan, la marge européenne déformée, traversée de granites et supportant des séries volcanogènes ; du côté africain, les complexes de nappes des Dinarides, au premier rang desquelles les vastes nappes ophiolitiques qui se poursuivent en Asie Mineure et, de là, dans toute l'Asie méridionale.

De la péninsule balkanique à l'Indonésie, c'est vers l' Eurasie que se sont faites les différentes subductions au cours des temps secondaire et tertiaire : l'Eurasie méridionale est donc frangée par une chaîne qui comporte toutes les granodiorites et andésites alpines. Au contraire, les continents méridionaux supportent les grandes nappes ophiolitiques d'origine téthysienne qui se suivent depuis les Dinarides jusqu'à l'Asie Mineure, l'Iran, le sultanat d'Oman (où se trouvent les plus formidables nappes ophiolitiques) et, de là, autour de la suture péri-indienne jusqu'en Indonésie[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

Phases orogéniques du cycle alpin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Phases orogéniques du cycle alpin

Paléo-océan téthysien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Paléo-océan téthysien

Chaînes issues de la Téthys - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chaînes issues de la Téthys

Autres références

  • ALPES

    • Écrit par , , et
    • 13 214 mots
    • 11 médias
    Les Alpes occidentales sont, mutatis mutandis, le secteur à la fois le plus « simple » des Alpes etle plus caractéristique des chaînes alpines au sens large. On peut y distinguer les Alpes franco-italiennes où, malgré la puissance des déformations, les différents éléments sont restés dans...
  • ALPES BAVAROISES

    • Écrit par
    • 794 mots

    Le territoire de l'Allemagne se ferme, au sud, par une étroite lisière alpine qui domine le plateau bavarois. Elle est formée par la retombée de l'arc externe des Alpes sédimentaires. Ce front montagneux s'allonge sur environ 240 kilomètres, avec une épaisseur qui atteint rarement...

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par , , , , , , et
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    ...l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord restaient respectivement parties intégrantes. C'est cette histoire qui détermine une première fois un domaine caraïbe jurassique, d'où vont naître des chaînes dont la logique et la structure sont celles de chaînes alpines : l'Amérique caraïbe est...
  • APENNIN

    • Écrit par et
    • 2 778 mots
    • 3 médias

    L' Apennin est la chaîne montagneuse qui constitue l'ossature de la péninsule italienne. Il est flanqué latéralement de basses montagnes anti-apennines, tels les volcans du Latium, avec lesquelles il importe de ne pas le confondre. On aurait grand tort d'imaginer que l'Apennin ressemble aux ...

  • Afficher les 29 références