ALPINES CHAÎNES
L'état présent des chaînes alpines
L'ensemble des chaînes alpines, des Caraïbes à l'Indonésie, n'est certainement pas au même stade d'évolution. Dans l'ensemble, jusqu'au Paléogène (35 Ma), il n'y eut qu'un continent septentrional de l'Amérique du Nord à l'Eurasie, tandis que le continent méridional du Gondwana s'était séparé bien avant en de nombreux fragments : Amérique du Sud, Afrique, Arabie, Inde, Australie (et Antarctique). Il y a ainsi autant d'ensembles alpins homogènes qu'il y a de continents méridionaux venus en collision avec les continents septentrionaux ; c'est-à-dire, outre le complexe caraïbe entre Amérique du Nord et Amérique du Sud : une ceinture péri-africaine (ce sont les chaînes méditerranéennes) ; un croissant ophiolitique péri-arabe (chaînes d'Asie Mineure, d'Iran et d'Oman) ; une suture péri-indienne (chaînes du Pakistan, de Chine méridionale et de Birmanie) ; une couronne ophiolitique péri-australienne (de l'Indonésie orientale à la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Calédonie et le nord de la Nouvelle-Zélande).
Là où il n'y a pas de blocs continentaux, la subduction est toujours active, comme au niveau du Makrān, ou, plus encore, en Indonésie occidentale.
Même là où des continents se faisaient face, il se peut qu'en fonction du détail de leurs contours certaines zones soient restées en subduction, alors que la collision était réalisée depuis longtemps de part et d'autre : tel semble être le cas de l'arc égéen, sous lequel achève de se subducter la mer de Libye, qui est peut être le dernier témoin de la Téthys originelle dans le domaine méditerranéen.
Au contraire, en d'autres régions, en fonction du dessin des marges continentales, la collision a pu être réalisée très tôt et se poursuivre au-delà des structures habituelles à la collision : la suture ophiolitique s'étant fermée, les nappes ophiolitiques étant charriées sur les marges continentales et les contraintes se poursuivant, de vastes cisaillements plats se produisent dans l'un ou l'autre des continents, déterminant une tectonique intracontinentale puissante, dont l'Himalaya donne l'exemple. La suture ophiolitique du Tsang-po (haut Brahmapoutre) s'est fermée vers la fin du Secondaire et, à partir de là, de vastes cisaillements plats se sont formés dans le continent indien : une première fois au cours du Tertiaire ancien, déterminant le chevauchement principal de la dalle du Tibet (Main Central Thrust) ; une seconde fois au cours du Tertiaire récent, déterminant le chevauchement frontal de l'Himalaya (Main Boundary Thrust). Cette situation d'hypercollision, se comprend aisément en observant le coulissage longitudinal du continent indien le long des décrochements du Pakistan à l'ouest, et de Birmanie à l'est.
D'une certaine manière, la structure des Alpes orientales résulte d'un même phénomène d'hypercollision ; à ceci près que le vaste cisaillement plat intracontinental s'est produit à l'arrière de la suture téthysienne (Canavese) qu'elle recouvre pour donner les nappes des Alpes orientales : en quelque sorte, les Alpes orientales sont un « arrière-Himalaya ». À la faveur de la grande faille du Karakorum, qui le sépare de l'Himalaya, le Pamir présente une structure et une situation analogues à celles des Alpes orientales.
Les chaînes alpines sont donc d'une grande richesse d'évolution, qui explique leur complexité de détail et a toujours fasciné les géologues.
Il n'en demeure pas moins qu'elles se ramènent à un processus simple de collision d'une masse continentale septentrionale unique avec des continents méridionaux issus de l'éclatement du Gondwana ; de telle sorte qu'un jeu complexe de subductions se produit avant que les continents[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
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