CHAISSAC-DUBUFFET (expositions et livre)
Peintres novateurs
Si la correspondance sert de base à l’exposition Entre plume et pinceau, elle fait la part belle à leurs œuvres à tous deux, qu’il s’agisse de peintures, sculptures ou dessins. Avec la gouache très souvent avec l’huile ou avec du ripolin, sur papier marouflé sur toile ou toutes sortes de matériau de récupération, Gaston Chaissac joue d’une ligne d’une extrême liberté qui semble n’obéir qu’aux suggestions d’un imaginaire singulier. Arrangements floraux et formes hybrides créent une sorte de puzzle qui fonctionne grâce à un épais cerne noir, mettant en évidence, le sujet du tableau, essentiellement une figure humaine. Le regard obsessionnel ne cesse d’interroger le visiteur qu’il s’agisse d’un Personnage sur fondnocturne (1945-1946) du Dandy de Muraille (1948) ou encore ces grands Totems sur bois, des années 1960, qui assument leur fonctiond’exorcistes.
Dans les années 1940-1950, Jean Dubuffet traite également de la figure humaine. Dans un magma de pâte boueuse, il crée L’Élégante auxescarpins (1946). D’un trait incisif, il couche sur le papier la figure de certains de ses familiers : Jean Paulhan ou Francis Ponge, ou encore une série de corps féminins. Le Géologue (1950) entame le cycle des textures en pleine pâte aux couleurs austères, qui sont les dominantes de l’époque et que le collage aux ailes de papillon du Jardin mulâtre (1955) viendra réveiller, avant cet éclatement de couleurs que sont les Galeries Lafayette (1961). Le Scénique de l’Hourloupe(1964) entame la série de ces compositions indéterminées aux enchevêtrements de cellules aux tonalités de rouge, bleus et noirs qui se multiplient et s’encastrent les unes dans les autres. Fruits d’une imagination délirante, elles vont occuper l’artiste durant de longues années.
L’abondante correspondance entre Chaissac et Dubuffet et les œuvres des deux grands artistes sont « si proches et si dissemblables, écrit Daniel Abadie, même si tant de choses n’allaient pas tarder à les rapprocher : identique capacité d’invention, semblable refus des normes et des règles, même sens de la stratégie sociale cachée sous une apparente désinvolture ».
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
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