CHALCOGRAPHIE
Du grec chalcos (cuivre), ce terme désigna l'art de graver sur cuivre.
L'institution d'un atelier national conservant et tirant des gravures commandées aux artistes par l'État existe à Madrid, à Rome et à Paris. La Chalcographie du Louvre (initialement rattachée au Cabinet des dessins, puis au département des Arts graphiques), remonte à l'atelier des Gobelins que Colbert avait créé pour Louis XIV. En 1667, une section de gravure y était confiée à Sébastien Leclerc pour graver des planches à la gloire du monarque (ses palais, ses victoires, ses fêtes et carrousels). Ainsi furent exécutés les recueils connus depuis sous le nom de Cabinet du roi, que Louis XIV offrait aux ambassadeurs. L'Académie des beaux-arts, qui demandait aux graveurs postulants deux planches et recevait, en outre, de nombreux dons de ses membres, possédait aussi un fonds de planches très important. En 1797, les deux fonds furent réunis et, en 1812, confiés à l'administration de Vivant-Denon, directeur général des musées et graveur lui-même. Depuis, la Chalcographie du Louvre s'est enrichie par des commandes aux artistes et contient actuellement douze mille planches. Si l'art du xixe siècle y est très peu représenté, certains artistes modernes, en revanche, ont donné à la chalcographie des œuvres remarquables. Le principe d'une chalcographie est exceptionnel puisque, contrairement aux gravures éditées par les marchands, le tirage n'en est pas limité et s'adresse donc à un public beaucoup plus vaste. Cette institution, qui pourrait devenir d'une concurrence redoutable pour les marchands, a certainement souffert d'une conspiration du silence ; cette dernière vient à peine d'être brisée par la rénovation des services commerciaux du Louvre, qui tentent d'exploiter ce fonds comme Louis XIV l'avait voulu : le roi était venu, en personne, tirer une planche (l'imprimeur avait gardé pieusement les gants que le roi avait salis). On voit tout le parti que peuvent tirer de cette « étatisation » du commerce de l'art ceux qui pensent que la gravure, par la limitation des tirages, se prête trop à la spéculation alors que son principe permettrait d'en faire un art plus populaire.
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Écrit par
- Michel MELOT : directeur de la bibliothèque publique d'information, Centre Georges-Pompidou
Classification
Autres références
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REPRODUCTION DES ŒUVRES D'ART - Copie et reproduction depuis la Renaissance
- Écrit par Jacques GUILLERME
- 3 633 mots
Dans sa Storia dell'iconografia anatomica publiée en 1957, Loris Premuda a reproduit en photogravure une planche des Icones anatomicae de Leopoldo Caldani (1801), dessinée et gravée par Gaetano Bosa ; elle figure en taille douce une vue d'un Apollon du Belvédère ; un, car la gravure...