BASSAEV CHAMIL (1965-2006)
Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaev est né dans le village de Vedeno, dans le sud de la Tchétchénie en 1965. Étudiant dans une université technique de Moscou, il en est renvoyé pour cause de mauvais résultats en 1988. Avec la perestroïka, il se lance dans le commerce, mais fait faillite. Étudiant et commerçant raté, il se réfugie dans l'étude de l'islam et bascule rapidement dans l'intégrisme et le terrorisme aveugle. À son « palmarès », plus de 1 000 morts et l'organisation des attentats les plus sanglants dans le Caucase du Nord et en Russie : prise d'otages à Boudennovsk en Russie méridionale en 1995 (166 morts), prise d'otages dans un théâtre de Moscou en novembre 2002 (130 morts), prise d'otages dans l'école de Beslan en Ossétie du Nord en septembre 2004 (339 morts), sans compter l'explosion de deux avions russes (90 morts) et l'assassinat, le 9 mai 2004, du président tchétchène pro-russe, Akhmad Kadyrov, tué par une bombe dans le stade central de Grozny.
Bassaev commence sa carrière de chef de guerre en combattant aux côtés des séparatistes abkhazes dans le nord de la Géorgie, contre le pouvoir central de Tbilissi. À cette époque, les séparatistes abkhazes étaient soutenus par Moscou. Avec la première guerre de Tchétchénie, de décembre 1994 à août 1996, il devient un leader charismatique pour les combattants indépendantistes. C'est lui qui commande les hommes qui entrent dans Grozny le 6 août 1996, chassant l'armée russe et obligeant Moscou à signer un accord de paix avec les indépendantistes tchétchènes, le 31 août 1996, à Khassaviourt au Daghestan. Le 27 janvier 1997, il se présente à l'élection présidentielle, mais est battu par l'indépendantiste modéré Aslan Maskhadov.
De janvier à juillet 1998, il est le Premier ministre du président Maskhadov. Mais ce dernier, qui ne veut pas rompre avec Moscou pour conserver les acquis de la première guerre de Tchétchénie, ne peut accepter le radicalisme islamique de Chamil Bassaev, qui prône l'application de la charia. Par ailleurs le chef de guerre veut étendre la révolte à l'ensemble du Caucase du Nord. Après son renvoi du poste de Premier ministre, il devient président du Congrès des peuples de Tchétchénie et du Daghestan. Durant l'été de 1999, il tente une insurrection au Daghestan voisin, mais les autorités de cette république autonome fidèle à Moscou repoussent les hommes de Bassaev.
Durant la seconde guerre de Tchétchénie, qui débute en octobre 1999, il reprend ses quartiers dans la montagne et organise la résistance. En 2000, il perd le pied gauche en sautant sur une mine. Le 8 mars 2005, les Russes tuent le président Aslan Maskhadov qui est remplacé par Abdoul Khalim Sadoulaev, beaucoup moins modéré. Ce dernier nomme alors Chamil Bassaev au poste de vice-Premier ministre du gouvernement rebelle.
Après avoir éliminé Maskhadov, puis Sadoulaev, le 17 juin 2006, les services spéciaux russes tuent Bassaev dans la nuit du 9 au 10 juillet 2006, alors qu'il convoyait un camion piégé bourré d'explosifs pour préparer un attentat. Moscou a ainsi décapité la résistance tchétchène. Celle-ci a désormais bien du mal à se réorganiser et pourrait abandonner la lutte armée, d'autant que la majorité de la population refuse l'instauration de la charia en Tchétchénie.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
Classification