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CHAMONIX (JEUX OLYMPIQUES DE) [1924] Contexte, organisation, bilan

Quand débutent à Chamonix les compétitions, le 26 janvier 1924, celles-ci ne sont pas « olympiques ». En effet, si Pierre de Coubertin, au début hostile à l'idée de « Jeux d'hiver », a fini par en admettre à contrecœur la nécessité, estimant en définitive que tous les sports devaient avoir leur place aux jeux Olympiques, l'opposition des Nordiques concernant les disciplines hivernales d'extérieur (le patinage artistique est présent aux Jeux « d'été » depuis 1908, le hockey sur glace depuis 1920) demeurait farouche. Ces derniers craignaient – à juste titre – qu'un rendez-vous olympique nuise aux jeux du Nord (Nordiska Spelen), créés par le colonel Viktor Balk, un ami de Coubertin, qui se tiennent depuis 1901 tous les quatre ans en Suède.

Lors des congrès et conférences olympiques organisés à Lausanne par le Suisse Eugène Monod du 26 mai au 7 juin 1921, le comte Justinien de Clary et le marquis Melchior de Polignac, représentants français au C.I.O., présentent un projet de jeux Olympiques d'hiver. Mais les réticences nordiques ne sont nullement levées, et un compromis doit être trouvé. Depuis 1907 se déroule tous les ans en France une « Semaine internationale des sports d'hiver ». S'appuyant sur cette dénomination, la conférence consultative des sports d'hiver accepte la tenue en 1924 d'une « Semaine internationale du sport d'hiver à l'occasion des jeux Olympiques de 1924 ». Du 12 au 14 juin 1922, durant le congrès des Fédérations internationales de sports d'hiver, Chamonix-Mont-Blanc est choisi pour organiser cette « Semaine ».

Premiers jeux Olympiques d'hiver, 1924 - crédits : Allsport Hulton/ Archive/ Getty Images

Premiers jeux Olympiques d'hiver, 1924

Le contrat entre Paris et Chamonix-Mont-Blanc est paraphé le 23 février 1923. Une piste de bobsleigh, une patinoire et un tremplin de saut à skis doivent être construits. L'État promet une aide financière, mais révisera celle-ci à la baisse. Chamonix payera en fait la quasi-totalité des travaux (2 millions de francs). Ce budget est, pour la moitié ou presque, consacré à l'édification de la plus grande patinoire artificielle du monde, d'une surface de glace de 27 600 mètres carrés.

Dans le cadre de cette « Semaine internationale », six sports (bobsleigh, hockey sur glace, patinage, ski nordique [fond, saut, combiné], biathlon et curling [sports de démonstration]) et seize épreuves sont au programme. Deux cent cinquante-huit concurrents (dont onze femmes), représentant seize pays, prennent part aux compétitions.

Mais on a longtemps craint que les épreuves soient perturbées, voire annulées, en raison des caprices de la météorologie. En effet, le 23 décembre 1923, la neige commence à tomber dru et la région se tapisse de blanc ; la patinoire est couverte par 36 000 mètres cubes de poudreuse qu'il faut évacuer en hâte avec l'aide de volontaires. Puis, mi-janvier, c'est le redoux : la glace de la patinoire fond. Heureusement, les températures chutent et la « Semaine » va pouvoir se tenir dans des conditions quasi parfaites. En outre, la « Semaine » connaît un joli succès populaire : dix mille spectateurs payants assistent aux différentes épreuves, laissant une recette de 107 880 francs.

Le bilan sportif se traduit, comme prévu, par une domination nordique : la Norvège (quatre médailles d'or, sept médailles d'argent et six médailles de bronze, soit dix-sept médailles au total), avec Thorleif Haug, maître du ski de fond (trois médailles d'or), obtient les meilleurs résultats, devant la Finlande (quatre médailles d'or, quatre médailles d'argent et trois médailles de bronze, soit onze médailles au total), dans le sillage du patineur de vitesse Clas Thunberg (trois médailles d'or, une en argent, une en bronze).

Ces brillants résultats poussent sans doute les Nordiques à revoir leur position concernant les Jeux d'hiver. Lors du congrès olympique[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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