CHANGE Les opérations de change
Organisation et fonctionnement du marché des changes
Les acteurs
Sur ce marché planétaire, qui fonctionne en continu (lorsque le marché européen est près de fermer, le marché américain prend le relais), l'information circule instantanément. Les banques y jouent un rôle majeur. Elles répercutent les ordres de leurs clients mais elles agissent aussi pour leur propre compte. Pour ce faire, elles disposent auprès de leurs homologues étrangers de « comptes de correspondants » (Nostri) libellés dans la monnaie du pays d'accueil. Inversement, elles gèrent des comptes en devises (Vostri) dans leurs livres, au bénéfice des banques étrangères. Ce sont les innombrables crédits et débits opérés sur ces comptes de correspondants qui concrétisent les ordres passés par les cambistes.
En amont, ceux-ci peuvent obtenir des informations auprès des courtiers qui sont de simples intermédiaires. Les courtiers perçoivent, à ce titre, des commissions.
Les banques ne sont pas les seuls intermédiaires financiers à intervenir sur le marché des changes. Les investisseurs institutionnels – sociétés d’assurance ou fonds de pension – ainsi que les fonds spéculatifs (les fameux hedge funds) prennent une part de plus en plus importante.
Les banques centrales, elles-mêmes, ont la possibilité d'agir sur le marché des changes en achetant ou en vendant des monnaies dans le cadre des interventions officielles et en opérant aussi pour le compte du Trésor et des organismes publics. Les grands groupes non bancaires peuvent également avoir des salles de change et agir directement sur le marché.
Ces divers intervenants opèrent tous dans un monde où l'information est le carburant indispensable au marché et où il est essentiel de réagir presque instantanément à tout élément nouveau, sauf à prendre le risque d'être « collé » (démenti par l'évolution constatée) et d'avoir à se « couper la patte » (dénouer sa position à perte), ainsi qu'aiment à le dire les cambistes (Bourguinat, Teïletche, Dupuy, 2007).
Les cotations au certain et à l'incertain
Les monnaies sont cotées selon deux modes différents : à l'incertain ou au certain. Pour le plus grand nombre de monnaies, on cote à l'incertain. On fait dans ce cas apparaître combien d'unités de monnaie nationale (la cote) il faut céder pour obtenir une (ou un multiple : 10, 100, 1 000) unité de monnaie étrangère (la base). Ainsi, à Zurich, pour le franc suisse (CHF), coté à l'incertain par rapport au dollar (USD), on aurait, par exemple :
– 0,8903 CHF = 1 USD.
Si on cote au certain, on indique, au contraire, combien une (ou un multiple) unité de monnaie nationale (la base) permet d'obtenir d'unités de monnaie étrangère (la cote).
Traditionnellement, la livre sterling (GBP) était cotée au certain et faisait donc exception par rapport à la plupart des autres grandes monnaies. Elle a été rejointe au 1er janvier 1999 par l'euro (EUR), qui est également coté au certain. Ainsi, par exemple, on cote, respectivement à Paris et à Londres, par rapport au dollar (USD) :
– À Paris, 1 EUR = 1,3775 USD.
– À Londres, 1 GBP = 1,6535 USD.
Avec la cotation à l'incertain, lorsque la cote augmente, la monnaie nationale se déprécie (il faut plus d'unités de monnaie nationale pour acheter une unité de devise) ; inversement, avec la cotation au certain, lorsque la cote s'élève, cela veut dire qu'une unité de monnaie nationale (l'euro ou la livre) procure plus d'unités de devise et donc qu'elle s'apprécie.
En réalité, les choses sont un peu plus complexes, du fait de la double cotation. Les cours du marché sont toujours donnés sous forme d'une fourchette avec, à l'une de ses extrémités, le cours acheteur (bid) et, à l'autre, le cours vendeur (ask). Le premier est[...]
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Écrit par
- Henri BOURGUINAT : professeur émérite de l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
- Gunther CAPELLE-BLANCARD : professeur des Universités
Classification
Médias
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