- 1. Les théories de base du taux de change
- 2. L'énigme de l'imprévisibilité
- 3. Le rôle de l'information à travers la microstructure du marché des changes
- 4. Le renouvellement des théories du taux de change d'équilibre à moyen et long terme
- 5. Vers une unification des théories du change ?
- 6. Bibliographie
CHANGE Les théories du change
Depuis l'abandon, en 1973, du système de changes de Bretton-Woods, l'évolution des parités entre devises a souvent défié la logique des théories. Pourtant, le résultat prévisible du passage aux changes flexibles était a priori simple. D'une part, il devait restituer à la politique monétaire son autonomie en libérant le taux d'intérêt d'un objectif de change. D'autre part, le flottement des taux de change laissait espérer la fin des distorsions internationales de prix dues à la sous- ou surévaluation de certaines devises. Le libre ajustement des cours de change devait donc résorber les déséquilibres des balances courantes. En accélérant la convergence vers des taux de change d'équilibre, la spéculation pouvait alors jouer un rôle positif. Milton Friedman, chef de file du courant monétariste et partisan précoce du flottement, prédisait ainsi que l'élimination du risque de dévaluation conduirait à des taux de changes stables.
Le profil des parités de change depuis 1973 a démenti la plupart de ces prévisions. Loin de la stabilité espérée, les cours des devises se sont révélés extrêmement volatiles et, manifestement, ne convergent pas très vite vers leurs niveaux d'équilibre. Au contraire, les taux de change semblent varier de façon erratique : leurs fluctuations sont largement imprévisibles et difficiles à expliquer, même sur le passé. Ce n'est pourtant pas faute de développements théoriques sur leurs déterminants. Face à l'énigme du comportement du taux de change, les théoriciens n'ont cessé de raffiner leurs modèles explicatifs.
Les théories de base du taux de change
Les théories traditionnelles du taux de change privilégient le marché des biens et services. Dans cette perspective, le taux de change d'équilibre est celui qui assure l'unicité des prix des biens et services à travers le monde et qui ainsi rééquilibre les balances courantes. Rompant avec cette approche réelle, les théories monétaires élaborées durant les années 1970 adoptent une perspective financière dans laquelle les stocks de devises sont traités comme des placements et le taux de change devient ainsi un prix d'actif. L'approche du taux de change par la théorie des choix de portefeuille étend cette logique en prenant en compte non seulement les stocks de monnaies, mais aussi les stocks de titres libellés en différentes devises.
Les premières approches réelles du taux de change
Les deux principales théories traditionnelles de la détermination du taux de change sont la parité des pouvoirs d'achats et l'approche du taux de change par la balance des paiements. Elles ont en commun, outre leur développement déjà ancien, de reposer sur une approche réelle du taux de change, dans laquelle le marché des biens et services joue un rôle essentiel.
La théorie selon laquelle le taux de change devrait assurer la parité des pouvoirs d'achats (P.P.A.) a des racines qui remontent loin dans le temps. En effet, l'idée selon laquelle il y a un lien entre la valeur relative de deux monnaies et leurs pouvoirs d'achats relatifs se trouve déjà dans les travaux du philosophe et historien David Hume (1711-1776) et de l'économiste classique David Ricardo (1772-1823). Mais la première présentation complète de cette théorie est attribuée à Gustav Cassel, qui détaille le principe de la P.P.A. dans deux articles parus en 1916 et 1918.
Dans sa version la plus simple – la « version absolue » – la parité des pouvoirs d'achats implique que le taux de change doit se fixer à un cours qui assure l'égalité entre les niveaux de prix domestique et étranger, une fois ces prix exprimés dans une même unité monétaire. Autrement dit, si la parité des pouvoirs d'achats absolue est respectée, une unité de monnaie domestique permet – au taux de change courant – d'acheter la même quantité de biens[...]
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Écrit par
- Hélène RAYMOND-FEINGOLD : professeur des Universités en sciences économiques, université de Lille-II
Classification
Média
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