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CHANGE Les théories du change

L'énigme de l'imprévisibilité

Du point de vue des théories des taux de change, les années 1980 ont marqué un véritable tournant. En effet, un article de Richard Meese et Kenneth Rogoff paru en 1983 a jeté le discrédit sur les théories macroéconomiques du taux de change (théories monétaires, de choix de portefeuille) en montrant que les modèles issus de ces théories étaient incapables de prévoir les variations de change. Depuis lors, un certain nombre d'études sont venues nuancer ce pessimisme. Mais la prise de conscience de l'incapacité des modèles macroéconomiques à prévoir l'essentiel des variations de change a largement contribué à réorienter l'objet des théories du change.

Les variations de change sont largement imprévisibles

C'est donc l'étude publiée par Meese et Rogoff qui déclenche la prise de conscience générale de l'échec prédictif des modèles monétaires et de choix de portefeuille du taux de change. En effet, la plupart des modèles du taux de change étaient évalués jusqu'alors à l'intérieur de leur période d'estimation, ce qui biaise les résultats en faveur du modèle utilisé. Meese et Rogoff soulignent la nécessité d'une évaluation plus sérieuse et plus discriminante de la capacité des théories du taux de change à produire de bonnes prévisions des futures variations de change.

L'évaluation systématique des erreurs de prévisions (écart entre la prévision et le taux de change effectivement observé) des modèles monétaires donne, alors, des résultats alarmants : les prévisions de changes issues des modèles théoriques sont toujours moins bonnes que celles d'un modèle naïf qui consiste à prévoir le taux de change futur par son dernier niveau passé observé. Autrement dit, la meilleure prévision consiste à prévoir ... une variation de change nulle. Compte tenu de l'extrême volatilité des cours de change, ce résultat est paradoxal : il suffit d'observer le cours du dollar pour se rendre compte qu'il varie constamment et souvent avec une forte amplitude. Le résultat obtenu par Meese et Rogoff signifie donc que les modèles monétaires se trompent tellement sur le sens et l'amplitude de variation du taux de change qu'il vaut mieux ne pas les utiliser pour faire des prévisions. Pour s'exposer à moins d'erreurs de prévision, il serait préférable de renoncer à prévoir les variations de change, et – en dépit de sa volatilité – de postuler que le niveau de change futur va rester constant, identique à son dernier cours observé.

Rapidement, l'étude de Meese et Rogoff s'est imposée comme une référence incontournable. Cependant, avec le progrès des techniques d'estimation des modèles, le pessimisme de ces conclusions a été nuancé : pour certaines devises et certaines périodes, des modèles macroéconomiques parviennent à surpasser la prévision naïve d'une variation nulle du taux de change, notamment pour des horizons de prévision assez longs. Mais ces résultats sont rarement constants dans le temps, et ne sont pas transposables d'un taux de change à l'autre. Les économistes ont donc été nombreux à s'interroger sur les raisons de cette quasi-imprévisibilité des taux de change, espérant par là percer une partie de l'énigme qui entoure leur détermination.

La mise en cause d'hypothèses restrictives

Une première série d'explications de l'incapacité des modèles macroéconomiques à prévoir plus qu'une faible part des variations de change a consisté à mettre en cause les hypothèses sur lesquelles reposent ces modèles.

Ainsi les modèles monétaires sont fondés sur l'hypothèse de convergence du taux de change vers son niveau de parité des pouvoirs d'achats (P.P.A.), c'est-à-dire vers le cours qui égalise les prix domestiques convertis en monnaie étrangère[...]

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